Certaines églises s’en sortent de manière créative

Par Maxim Villeneuve 11:50 AM - 12 août 2021
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Église de Mingan.

En s’approchant de la fin de la 138, la situation est différente. Le curé des églises de Baie-Johan-Beetz, Aguanish et Natashquan, Valmont Boudreau, se dit satisfait.

Selon lui, les habitants de ces villages sont très croyants et pratiquants.

« Dans mes trois villages, la foi existe encore », affirme-t-il.

M. Boudreau témoigne de l’attachement des gens de la Minganie pour leurs lieux religieux. Ce dernier croit que les gens sont fiers de leur héritage et ils ont envie de le préserver. Cela est visible simplement avec les travaux d’entretien des lieux religieux, comme la grande croix à Natashquan.

Le curé raconte que récemment, il y avait des rénovations à faire sur l’église d’Aguanish. Les pêcheurs ont alors versé de l’argent pour rendre cela possible.

Les gens sont très généreux et la dîme rapporte les sous nécessaires pour la survie des églises.

La majorité de ceux qui fréquentent l’église est plus âgée, mais M. Boudreau assure qu’il y a une relève parmi les jeunes. Il en voit régulièrement à l’église et ils sont nombreux à faire leur communion.

Le père Boudreau affirme que les jeunes ont la foi, mais qu’ils l’expriment différemment. Ils fréquentent moins l’église que leurs prédécesseurs. C’est pourquoi l’église devra s’adapter aux valeurs des prochaines générations.

Une période difficile

Alors que ses églises se portent bien en temps normal, M. Boudreau se dit déçu par la dernière année qui a restreint le nombre de gens qui pouvaient aller à l’église au début de la pandémie. Ce qui l’indignait le plus était la limite de gens pour les funérailles et la souffrance qu’il a observée dans ses villages.

M. Boudreau explique qu’il y a plusieurs grandes familles en Minganie et qu’habituellement, la majorité du village va aux funérailles. C’est donc une énorme douleur de restreindre le nombre de gens qui peuvent assister au dernier au revoir de leur entourage.

Le curé Boudreau a décidé de garder l’église fermée, même lorsqu’il a eu la permission d’ouvrir, en raison de la limite de visiteurs. Il préférait ne pas faire de cérémonies plutôt que de refuser l’entrée à certains.

L’église de Natashquan sert désormais aussi de lieu de diffusion de spectacles. Sa grandeur permet d’accueillir plus de personnes avec les restrictions sanitaires. Le spectacle de Vincent Vallières à la fin juillet a notamment eu lieu à l’église.

Pas besoin d’être pleine pour survivre

Selon le curé à Mingan, Nnaemeka Cornélius Ali, l’église à une place importante dans la communauté. Il explique que l’enjeu de la dévitalisation existe depuis longtemps, alors ça n’affectera pas plus l’église maintenant qu’avant, à ses yeux.

« L’église n’a pas besoin d’être pleine pour survivre », assure-t-il.

Des organismes comme Mission de chez nous participent au financement de l’église. C’est la communauté qui décide du budget alloué à la paroisse.

« De dire qu’elle se porte bien, c’est d’ignorer les enjeux, mais elle essaie de se porter bien », exprime le curé Ali.

Le père Ali croit que l’église a un long avenir, à condition qu’elle s’adapte à la société actuelle.

Port-Cartier : des messes à la radio

Le curé de Port-Cartier, Jérôme Thibault, affirme que son église se porte bien, malgré la pandémie.

Il s’est adapté aux mesures sanitaires et à leur évolution. Les messes se déroulaient à la radio pendant la pandémie et selon lui, les cotes d’écoute étaient très grandes. Elles s’étalaient même à l’extérieur de la région. Le curé téléphonait souvent aux pratiquants.

« J’ai tellement parlé au téléphone! Mais, les gens ont vraiment apprécié cela », exprime-t-il.

M. Thibault assure qu’il y a un soutien dans la communauté pour l’église et qu’il y a une bonne participation à la dime. Puis, encore beaucoup de gens vont à l’église.

« On me demande souvent quelle est mon église préférée. Je réponds toujours que mon église préférée, c’est celle qui est pleine », ricane-t-il.

Selon lui, les Nord-Côtiers ont un plus grand attachement à leurs églises qu’en ville, c’est pourquoi elles sont encore nombreuses.