Le nombre de plaintes pour des agressions sexuelles à Sept-Îles et à Port-Cartier a presque triplé au cours des trois dernières années, selon un rapport rendu public en septembre. Lors de l’année 2018-2019, les policiers ont reçu 74 dossiers d’agressions sexuelles alors qu’on en comptait 26 trois ans plus tôt.
Olivier Roy Martin – collaboration spéciale
« Le mouvement de dénonciations continue de se propager », constate le président du comité de sécurité publique de la MRC de Sept-Rivières, Denis Miousse. « C’est ce qui explique encore une fois cette année les données du rapport », affirme-t-il.
Dans le « Rapport annuel du comité de sécurité publique » rendu public le 25 septembre dernier, la MRC de Sept-Rivières comptabilise les plaintes d’agressions sexuelles sur son territoire, qui comprend les municipalités de Port-Cartier et de Sept-Îles. Il s’agit de statistiques annuelles sur la période comprise entre le 1er avril et le 31 mars.
On apprend dans le rapport que les dénonciations d’agressions sexuelles rapportées à la police ont plus que doublé entre 2017 et 2018, passant de 26 à 52, avant de se chiffrer à 74 à la fin de l’année se terminant le 31 mars 2019.
Cela ne signifie pas pour autant qu’il y a eu plus d’agressions sexuelles sur le territoire de la MRC de Sept-Rivières l’an dernier que pendant les années précédentes, nuance Denis Miousse.
« Un crime qui a été commis il y a 10, 15 ou 20 ans et qui est dénoncé en 2018-2019 devient un dossier comptabilisé [dans le plus récent rapport]», dit-il, avant d’ajouter que la MRC de Sept-Rivières dispose d’effectifs policiers suffisamment élevés pour répondre à la demande montante.
Le CAVAC salue le « courage » des victimes
« Ça demande beaucoup de courage de porter plainte à la police », fait valoir la directrice du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels de la Côte-Nord (CAVAC), Isabelle Fortin.
Cette dernière croit également que le mouvement #MoiAussi explique la hausse des plaintes. « C’est une bonne nouvelle parce que les statistiques laissent croire que le mouvement #MoiAussi a permis que les victimes fassent un petit peu plus confiance [au système] et dénoncent un peu plus », croit-elle.
Mais les dénonciations compilées dans le rapport de la MRC de Sept-Rivières ne reflètent pas le nombre réel d’agressions sexuelles commises, selon elle.
« La violence sexuelle est le crime le moins dénoncé. On évalue à 5% le nombre de victimes qui dénoncent leurs agresseurs. 95% de la violence sexuelle reste dans le silence», déplore la directrice générale du CAVAC Côte-Nord, qui confirme que la peur des représailles et la honte empêchent parfois les victimes de porter plainte.
« Dans nos bureaux au CAVAC, on accueille parfois des gens qui vont jusqu’à attendre que la personne qui les a agressées soit décédée parce qu’ils n’ont pas osé dénoncer avant », lance la femme dévouée à la protection des victimes d’actes criminels.
« C’est important de dénoncer. Il y a de l’aide disponible pour les victimes, qu’elles veuillent porter plainte à la police ou non », rappelle Isabelle Fortin.
En 2018-2019, le CAVAC a soutenu 401 personnes se disant victimes d’agressions sexuelles sur la Côte-Nord.
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