La Commissaire Michèle Audette ira jusqu’au bout de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones malgré les restrictions de temps et de budget posées par Ottawa. Elle veut profiter de cette occasion historique de faire changer les choses et aider les centaines de familles qui ont déjà raconté leur vérité.
L’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées (FFADA) a pour mandat de se pencher sur les causes systémiques de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles autochtones. Elle doit en faire rapport au gouvernement fédéral au plus tard le 30 avril 2019.
La commissaire originaire de Maliotenam avait publiquement remis en question sa participation à l’Enquête nationale sur les femmes autochtones le 5 juin dernier. Sa déclaration faisait suite à la décision du gouvernement fédéral de prolonger le mandat de l’enquête de seulement 6 mois, plutôt que de deux ans tel que demandé.
Elle a toutefois réaffirmé le 20 juin sa promesse de poursuivre son travail de commissaire, afin d’accompagner les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, leurs familles et les survivantes.
En entrevue avec Le Nord-Côtier, Mme Audette s’est dite accrochée aux valeurs et aux principes de la Commission. Elle veut terminer son mandat pour aider les quelque 2 000 personnes qui ont partagé leur vérité. Plus de 500 autres sont attendues devant l’Enquête nationale d’ici la fin de l’année 2018.
«Le peu, ou le grand qu’on va faire va amener un changement de société. Je pense que ça a déjà commencé à amener des choses. Regardez comment les femmes dénoncent aujourd’hui.»
Tout comme les trois autres commissaires, elle est d’avis que la décision d’Ottawa de ne prolonger le mandat que de six mois nuira aux travaux de la FFADA. Elle entend donc désormais rediriger les critiques adressées à la Commission vers la ministre fédérale des Affaires autochtones et du Nord Canada, Carolyn Bennett.
«À partir de maintenant, il reste un sprint de 12 mois. Je vais le maximiser en disant ça, tu n’es pas content, tu es déçu, bien appelle la ministre! Nous, on fait du mieux qu’on peut avec ce qu’on nous a donné comme moyens. C’est gros ce qu’on fait, c’est grand ce qu’on fait, c’est historique», s’exclame la commissaire.
Expérience complexe, sensible et difficile
Selon Michèle Audette, le mandat est très vaste. Il s’agit littéralement d’analyser toutes les relations et interactions sur presque 500 ans d’histoire à travers tout le Canada. Tous les ministères et institutions des gouvernements fédéral et provinciaux sont visés.
«Ça amène une complexité [pour déterminer] comment on va faire une analyse juridique de tout ça, comment on va faire une analyse d’un point de vue recherche, pour amener à la fin un rapport avec des recommandations.
L’interaction avec les 600 quelques gouvernements et organisations qui représentent le Canada, les provinces et les communautés autochtones offre aussi son lot de difficultés. Les différents protocoles, lois, façons de faire, mondes culturels et émotions doivent être gérés au quotidien.
Elle souligne aussi la dureté des histoires des gens qui ont perdu un être cher. Les témoins doivent être préparés et épaulés pendant plusieurs semaines avant leur passage en audience. Dans les circonstances, elle considère normal que des membres de l’équipe de travail démissionnent et doivent être remplacés.
«L’émotion est extrêmement difficile parce qu’on écoute ces vérités-là. Il faut qu’on soit outillés. Je suis contente, j’ai les bonnes personnes, un bon réseau et une famille solide qui me soutient.»
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