CISSS : des répercussions sur le terrain, estime l’APTS

Par Jean-Christophe Beaulieu 7 février 2018
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l’APTS

La porte-parole de l’APTS Côte-Nord, Danielle Duguay

L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) croit que les nouvelles compressions affecteront les services sur la Côte-Nord.

«On ne pense pas que la réorganisation de M. Fortin (PDG du CISSS) va se faire sans coupures sur le terrain. Récupérer sans couper est une équation qui ne tient pas la route», déclare la porte-parole de l’APTS, Danielle Duguay.

Le CISSS Côte-Nord annonçait la semaine dernière un plan de retour à l’équilibre budgétaire comprenant 28 mesures qui permettraient de rattraper 9,6 millions $ sur les 14,5 millions $ de déficit. Questionnée à ce propos, Danielle Duguay donne son avis sur ce qui pourrait d’abord expliquer ledit déficit.

«C’est un ensemble de facteurs qui comprennent la réalité de notre région et l’éloignement, mais qui découle surtout de la centralisation amorcée par la création des Centres intégrés en avril 2015», estime-t-elle.

Deux ans plus tard, les effets de cette centralisation se ressentiraient encore plus.

«C’est un déficit qui continue de croître depuis le début. Ils disent qu’ils sont maintenant en réorganisation, mais on trouve que c’est plutôt de l’improvisation qui est faite en tentant de répondre aux demandes de M. Barrette. Et ce, à n’importe quel prix.»

Pour l’heure, le syndicat ignore précisément quelles seront les répercussions de ces nouvelles compressions sur les services. Il est cependant convaincu que la révision de l’organisation du travail ne pourra combler l’écart entre les budgets consentis et les besoins, contrairement à ce qu’affirme la direction du CISSS.

Vers le privé?

En plus des travailleurs sociaux, l’APTS représente une centaine de métiers différents dans les domaines du diagnostic, de la réadaptation et de la nutrition, entre autres. La porte-parole Danielle Duguay croit que les répercussions pourraient très bien se faire sentir sur le terrain, où il y aurait moins d’intervenants.

«Les services seront encore accessibles, mais par manque de ressources, on fera face à des listes d’attentes plus longues.» La pente peut vite devenir glissante selon elle.

«Entre vous et moi, si vous devez attendre pour un délai que vous ne jugez pas raisonnable et que la possibilité se présente d’avoir un service plus rapide, mais payant, vous allez peut-être faire un choix», exprime Mme Duguay, ajoutant être aux aguets en la matière.

La possibilité de transiger les services de santé vers le privé est une mesure envisagée dans le système québécois depuis plusieurs années. Cette possibilité est bien palpable depuis que le ministre Gaétan Barrette est en poste, selon l’APTS.

«De par ses actions, d’année en année, on a toujours craint un démantèlement des services publics au profit du privé, même si M. Barrette prétend le contraire. On essaie de leur amener d’autres possibilités, mais on a peu d’écoute autant du ministère que du CISSS», souligne-t-elle. Elle réitère qu’à son avis, il ne faut pas diminuer les heures sur le terrain, mais plutôt couper ailleurs.

Cadres

Des coupures pourraient être envisagées au niveau des cadres par exemple. «Le PDG du CISSS a dit qu’il a diminué le nombre de cadres. C’est vrai, mais ce qu’il ne dit pas, c’est qu’il a instauré une structure par laquelle il y a beaucoup plus de gens qui assistent les cadres et gestionnaires», croit-elle.

L’APTS estime que la formule a simplement été tournée autrement et qu’elle maintient le même taux de cadres. «Ils ont nommé des chefs de service, des coordonnateurs cliniques. Il n’y a pas plus d’heures sur le terrain pour les physiothérapeutes et éducateurs spécialisés, par exemple. Dans les faits, ils ont plus d’heures à faire des tâches de coordination.»

Parmi les compressions, le plan prévoit de soustraire 2 millions $ dans le secteur des services professionnels, 1,4 million $ aux soins à domicile, 900 000$ à la santé mentale et dépendance et 200 000$ à la santé publique. «Que veulent-ils dire au juste par réorganiser? Ils nous disent vouloir travailler de concert avec nous, mais l’employeur décide bel et bien, surtout que l’employeur, au final, c’est le législateur. On est limité dans cette interaction», dit Danielle Duguay.

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