La Côte-Nord au Sommet sur le transport aérien 

Par Jean-Christophe Beaulieu 5 février 2018
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Réjean Porlier en discussion avec le premier ministre Philippe Couillard.

Le maire Réjean Porlier et la députée Lorraine Richard ont assisté vendredi dernier, à Lévis, au Sommet sur le transport aérien régional. Les deux élus font le compte-rendu de l’exercice et exposent leurs attentes.

Quelque 300 personnes se sont déplacées le 2 février pour participer au sommet organisé par le gouvernement provincial. Élus, gens d’affaires et transporteurs aériens ont débattu plusieurs thèmes autour de tables de discussions et certains enjeux sont ressortis plus que d’autres, entre autres le monopole d’Air Canada dans l’offre de vols régionaux. À Sept-Îles, le coût élevé des billets est dénoncé depuis plusieurs années par le milieu.

Au sortir de l’événement vendredi après-midi, Mme Richard se disait déçue par le manque de mesures concrètes proposées par le gouvernement. «Il n’y aura pas de baisse significative du coût des billets. La seule mesure qui s’applique à court terme, c’est celle visant à étendre à la Côte-Nord le crédit d’impôt sur les billets. Mais ça, on l’avait déjà en Minganie et les gens me disaient que ce n’est pas du tout suffisant», a-t-elle soutenu.

La députée de Duplessis dénonce l’absence de mesures pour contrer le monopole d’Air Canada. «J’ai proposé d’établir un prix plancher, comme on le fait pour l’essence et le lait par exemple. Ainsi, Air Canada ne pourrait plus faire descendre ses prix lorsqu’un nouveau transporteur arrive, afin de conserver son monopole. C’est ce qu’ils font, ils les font disparaître et remonte ensuite leurs prix», a-t-elle expliqué.

Un «show de boucane»

Concernant l’éventuelle abolition de la TVQ sur les billets, l’Association québécoise du transport aérien a déposé un mémoire en ce sens, lors du sommet. Selon Mme Richard, ce qui est maintenant envisagé à ce niveau est de procéder à de nouvelles analyses.

«C’est ça qui me déçoit. Après deux ans de démarches de la part du gouvernement à faire le tour du Québec, ce qu’on nous annonce c’est qu’on va continuer à faire des études et des analyses. Il n’y a rien de concret qui sort du sommet, c’est un show de boucane», a-t-elle déploré.

Elle rappelle que le coût des billets est un frein au développement régional et à l’industrie touristique et elle anticipe, à moyen terme du moins, que les prix resteront «exorbitants».

Le maire de Sept-Îles juge que c’est lors de l’adoption du budget provincial, en mars prochain, que l’on connaîtra la portée réelle des mesures annoncées par le gouvernement.

«Six mesures ont été annoncées, mais qui impliquent certaines sommes. On va pouvoir juger selon les sommes qui leurs seront allouées. C’est difficile, pour l’instant, d’en mesurer la portée», a affirmé M. Porlier.

Lui aussi convient que le problème est en partie le monopole d’Air Canada.

«Le transporteur a proposé des choses intéressantes, comme les passes de vol de 10 ou 30 billets qui réduisent le coût unitaire, ou encore, la réduction des tarifs lors d’achat de billets plusieurs semaines à l’avance.»

User du «rapport de force»

Mais les efforts du transporteur semblent surtout faciliter la communauté d’affaires. Pour le citoyen moyen, qui se déplace sans pouvoir planifier de la sorte ou lors de périple non prévu, il y a du chemin à faire, selon Réjean Porlier. Le maire de Sept-Îles relate toutefois une piste de solution soulevée vendredi.

«Étant donné que le gouvernement et ses ministères sont probablement les plus grands utilisateurs de vols régionaux, il a été proposé d’utiliser ce rapport de force pour négocier, aller en appel d’offres et exiger un prix. Une fois cela fait, il serait question dans l’entente d’élargir le tarif à l’ensemble des utilisateurs», a-t-il dit. Selon les propos du maire, certains experts évalueraient à 330 $ un aller-retour Sept-Îles/Montréal dans un Q-400 (90 places).

«Et ils font du profit encore à ce prix-là. Pourquoi Air Canada ne ferait pas un projet pilote avec un de ces appareils?», a-t-il proposé.

Afin que le sommet ne soit pas éphémère, Réjean Porlier a suggéré que soient intégrées des mesures dans la Loi sur l’occupation et la vitalité des territoires.

«C’est la meilleure façon de s’assurer que l’on reconnaisse officiellement que l’accès au territoire via les infrastructures de transport, c’est un outil qui mène justement à la vitalité du territoire. Ça ne doit pas être à nos petits-enfants de reprendre ce débat», a-t-il dit.

 

 

 

 

 

 

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