Shauit franchit une étape marquante dans sa carrière musicale

Par Éditions Nordiques 15 novembre 2017
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Shauit revient sur sa jeunesse, ses étés à Mani-Utenam et le rôle qu’a joué le festival Innu Nikamu dans sa carrière.

Lors de l’édition 2017 de Coup de cœur francophone à Montréal, Shauit a dévoilé un nouvel album «Apu Peikussiaku». Il y conserve la sonorité reggae qui a fait sa renommée. Il approche toujours le style musical avec autant d’aisance.

Même si ce disque découle d’une période sombre traversée par Shauit, à la suite de la mort de son père, l’artiste trouvait opportun de véhiculer des messages positifs. «Ça m’a bouleversé. Il m’a été difficile de rester positif. Ça transparaît dans mes chansons. On oublie très souvent que le reggae est un style musical engagé, même si ça fait penser au soleil. Ce n’est pas toujours aussi léger qu’on le croit», lance-t-il.

Considéré par plusieurs jeunes innus comme un modèle, il ne préfère pas se mettre davantage de pression sur les épaules. «J’ai toujours eu envie d’aller plus loin. Rien n’a changé aujourd’hui. Ce rôle d’ambassadeur m’a aidé. C’est venu confirmer l’importance de mon statut, même si tout ce que je veux, c’est chanter, enchaîne-t-il. (…) Je tiens à ma langue. Ça devrait être une langue officielle. On la parle depuis des millénaires. Ce n’est pas compris de tous.»

Sur son plus récent album, l’auteur-compositeur propose certaines chansons en français. «Au début, je l’ai surtout fait pour me faire connaître davantage des gens. Ça donnait à mon agent des outils pour me promouvoir. Quoi qu’il en soit, j’aime le français et je demeure plus à l’aise d’écrire dans cette langue, soulève-t-il. Ce qui devient difficile, c’est l’attente des gens. Je réfléchis tout de même un peu plus. En langue innue, le vocabulaire est plus limité. Il y a des mots que l’on ne dit pas.»

À l’ère du 2.0

Parmi les artistes autochtones, il fut l’un des premiers à prendre le virage numérique. «Pour l’instant, c’est assez embryonnaire dans le milieu musical autochtone, tient-il à préciser. C’est un virage qui demande d’être apprivoisé. On a toujours fait de la vente d’album une priorité. Aujourd’hui, les gens consomment différemment la musique et j’en suis plus que conscient», affirme-t-il.

Cet outil lui permet d’en arriver à créer des ponts entre les Autochtones et les non autochtones. Une mission que Shauit s’était donnée en début de parcours et qu’il conserve. «Le numérique fait en sorte que ma musique rayonne davantage. C’est tout un avantage. Je vois ça d’un très bon œil. Je voulais suivre le courant, insiste-t-il. J’en suis un parfait exemple puisque j’utilise beaucoup YouTube et Soundcloud pour écouter de la musique.»

Une ouverture appréciée

Par le fait même, il se réjouit de l’engouement manifesté pour les non autochtones à l’égard de la culture autochtone. «Je dénote une ouverture par rapport à nous. J’en suis très content. Kashtin y a contribué à une certaine époque. La crise d’Oka a eu l’effet inverse, souligne-t-il. Ça commence à changer pour le mieux. On reconnaît de plus en plus notre importance dans la société. On connaît de mieux en mieux notre histoire», avance-t-il.

Pour en arriver à mener sa carrière musicale, l’artiste innu a su s’entourer d’une solide équipe de collaborateurs, ce qui l’aide à conserver une certaine vision d’avenir. Son nouvel album représente une intéressante carte de visite que son gérant utilise pour le promouvoir en spectacle et il est visiblement fier du résultat.

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