Robert Charlebois: une notoriété incontestable
Même après 50 ans de carrière, Robert Charlebois n’a assurément rien perdu de son énergie sur scène.
Contrairement à ce que laisse sous-entendre son titre «Rock’oustic» n’a rien d’un spectacle acoustique. Bien au contraire, Robert Charlebois offre sur scène des relectures audacieuses de son puissant répertoire. Une prestation assurément sous le signe du rock.
«C’est le même show qu’on présente en Europe au printemps. Il est résolument rock. Ça fait saigner des oreilles, insiste-t-il. Ce ne sont que des hits que je propose aux gens. Je ne fais que deux à trois nouvelles chansons uniquement. C’est très festif, lance celui qui a été récompensé au dernier Gala de la SOCAN où il s’est vu décerner le prix Excellence pour l’ensemble de sa carrière et le prix Empreinte culturelle pour la chanson Lindberg qu’il a coécrite avec Claude Péloquin.
Après une carrière de plus de 50 ans, cet auteur-compositeur dispose d’un répertoire qui comporte de nombreux «hits» qu’il a toujours autant de plaisir à interpréter en spectacle. «Je ne cacherai pas que je me suis lassé de certaines chansons. Il m’arrive tout de même de les jouer encore quand les gens me le demandent. C’est là que l’acteur prend le dessus sur le chanteur, indique-t-il. J’y mets toute ma sensibilité. Je puise mon énergie directement du public.
Reconnu pour son énergie sur scène, il est constamment en mode création. «Je vais écrire de nouvelles chansons jusqu’à l’âge de104 ans. Cependant, l’énergie physique dont je dispose n’est pas illimitée. Je me compte chanceux d’être toujours aussi en forme, souligne-t-il. Je savoure pleinement le plaisir de pouvoir encore monter sur scène. Je ne peux pas garantir que dans cinq ans que je pourrai faire à nouveau du rock.»
De vives inquiétudes
Dans le contexte actuel, il croit fermement que le métier d’auteur-compositeur qu’il exerce est menacé. «On assiste à sa mort d’un métier. Je n’ai toutefois pas envie d’y mettre toute mon énergie. J’ai envie de continuer à pouvoir faire ce que j’aime. Tout le monde est conscient du problème. Les redevances versées par les plateformes numériques sont insuffisantes, voire dérisoires. Ce n’est pas équitable pour les créateurs», déplore-t-il.
Il en va de même pour la musique francophone. «Dans un bassin mondial, elle se noie. C’est pour ce faire que les quotas dans les radios commerciales ont toute leur importance. Il faut que les gens soient en contact avec ces chansons pour s’y intéresser. Ça devient de plus en plus difficile de vivre de sa plume, constate-t-il. Personne ne sait où la musique s’en va réellement, ni même les artistes populaires.»
Un succès outre-mer
Au printemps, Robert Charlebois offrira une quarantaine de show de ce spectacle en Europe. Cette tournée vient démontrer qu’il obtient beaucoup de succès ailleurs qu’au Québec. «Les gens ont tendance à aimer les pionniers. Je suis l’un des premiers à avoir déstructuré la chanson, explique-t-il. J’ai mis des textes en joual. J’ai été le premier à véhiculer ça en France. Le métier d’auteur-compositeur y est fortement considéré.»
Sur une note plus positive, il invite les artistes de la relève à opter pour la lenteur et à ne pas miser sur le succès instantané. «Si j’avais gagné des festivals à un jeune âge, je ne crois pas que mon parcours aurait été le même. Il faut monter marche pour marche. Il fait faire ses 10 000 heures. C’est une règle qui vient sous-entendre qu’on est prêt, qu’on a investi les efforts requis. Il faut accumuler le plus de matériel possible», affirme-t-il.
Accompagné de cinq musiciens, ce monument de la chanson québécoise effectue une tournée exhaustive sur la Côte-Nord. Il se produira en spectacle le 9 novembre au Centre des arts de Baie-Comeau, le 10 novembre au Café-théâtre Graffiti de Port-Cartier et le 11 novembre à la Salle Jean-Marc-Dion de Sept-Îles.
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