Climat tendu au procès de Mike McKenzie
Le chef de Uashat mak Mani-Utenam, Mike McKenzie.
Plusieurs personnes se sont déplacées au palais de justice de Sept-Îles, lundi et mardi, pour suivre le procès du chef de Uashat mak Mani-Utenam, Mike McKenzie. Cette affaire divise la communauté innue, ce qui explique pourquoi la tension est palpable depuis le début du procès.
Cette tension était également présente lors du contre-interrogatoire entre l’avocat de Mike McKenzie et la présumée victime. Le procès a même dû être suspendu temporairement quand la plaignante est fondue en larme sous l’insistance des questions de la défense.
Mardi, la Couronne et la défense ont terminé de contre-interroger la présumée victime d’agressions sexuelles en plus d’entendre d’autres témoins. La défense a relevé que la victime a demandé à plusieurs reprises des «faveurs» en argent pour elle et ses proches depuis que M. McKenzie est chef de la communauté innue. Cet argent proviendrait d’une enveloppe discrétionnaire accordée à chaque élu du conseil de bande. Selon la plaignante, Mike McKenzie aurait accepté de verser les sommes d’argent de peur d’être dénoncé.
Dénonciation en campagne électorale
L’avocat du chef a aussi interrogé la présumée victime sur les raisons qui l’ont poussé à dévoiler les événements sur Facebook en pleine campagne électorale, alors qu’un membre de sa famille se présentait à la chefferie contre Mike McKenzie.
Lors du contre-interrogatoire, la plaignante a expliqué que les relations sexuelles qu’elle a eues avec Mike McKenzie étaient consentante et qu’elle en ressentait de la fierté. Selon elle, ce n’est que l’an dernier qu’elle a jugé que cette relation était inappropriée.
Appelée à témoigner, la femme de Mike McKenzie a expliqué avoir reçu un coup de fil de la présumée victime durant la campagne électorale. Cette dernière lui aurait dit qu’elle a déjà eu des relations avec M. McKenzie et que ce dernier est infidèle. Selon la femme du chef, la présumée victime n’aurait cependant pas précisé avoir été agressée sexuellement, ce qu’elle a fait plus tard ce jour-là dans une publication Facebook.
La plaignante, très émotive lors de l’interrogatoire, a affirmé qu’elle et ses enfants ont subi de l’intimidation de la part d’autres membres de la communauté en lien avec cette affaire. Des proches de la présumée victime et le directeur financier du conseil de bande ont également témoigné. Le procès se poursuit mercredi à Sept-Îles.
Rappel des faits
Le chef McKenzie doit répondre à des accusations d’attouchements sexuels, d’incitation à des contacts sexuels et d’agression sexuelle sur la même présumée victime, «une enfant de moins de 14 ans», entre juin 2000 et mai 2001 à Mashteuiatsh au Lac-St-Jean et à Sept-Îles.
À l’époque l’homme était alors âgé de 26 ans. La présumée victime était âgée de 13 ans lors des premières relations. Les événements auraient notamment eu lieu durant les Jeux autochtones interbandes de Mashteuiatsh, en 2000.
Lors du dépôt des accusations en juin 2016, Mike McKenzie s’était retiré temporairement de ses fonctions de chef tout en clamant son innocence. Il a réintégré ses fonctions quelques semaines plus tard après qu’un avis juridique, commandé par le conseil de bande, eut confirmé que «tant qu’il n’y a pas eu de déclaration de culpabilité» contre un élu, dont le chef, «il n’y a pas de motif de le suspendre ou de le destituer en vertu du Code électoral, pour être accusé d’infraction criminelle».
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