Le personnel médical refuse d’intervenir devant la porte de l’hôpital

Par Emy-Jane Déry 30 août 2017
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Le drame s’est déroulé devant la porte principale de l’hôpital de Sept-Îles.

Le personnel médical a refusé d’intervenir auprès d’un homme en arrêt cardiaque devant l’hôpital de Sept-Îles, puisqu’il croyait qu’il n’était pas couvert par les assurances hors des murs de l’établissement. Martin Collard est mort quelque jour plus tard.

Le coroner vient de rendre public le rapport entourant les circonstances du décès de Martin Collard, 36 ans, survenu en octobre 2015 à l’Hôpital de Sept-Îles.

Au petit matin, l’homme sous l’effet de la cocaïne s’est retrouvé dans un état de crise devant les portes du centre hospitalier. Il était en sous-vêtements, courait et criait dans la rue.

À la demande de l’hôpital, les policiers sont intervenus. Ils ont fini par le maîtriser au sol. Au moment de le menotter, ils ont réalisé qu’il avait perdu conscience et qu’il ne respirait plus. Ils ont demandé du renfort auprès du personnel médical de l’établissement qui a refusé de sortir.

Lorsque Gaétanne Collard est arrivée sur les lieux, son frère était étendu au sol devant l’entrée de l’hôpital et un policier tentait de le réanimer.

«J’ai encore l’image de mon frère étendu à deux pieds de la porte de l’hôpital, avec personne pour le soigner, c’est surréaliste», a-t-elle confié, encore sous le choc des conclusions du rapport. «Chaque minute comptait et personne n’est sorti. La policière disait que c’était un médecin que ça prenait et il n’y en a pas un qui est sorti», a martelé Mme Collard.

Les effectifs de l’urgence affirmaient «ne pas être couverts par les assurances en dehors des murs», explique dans son rapport le coroner Bernard Lefrançois. La coordonnatrice de l’urgence, aussi infirmière, a décidé d’aller elle-même au secours de Martin Collard. Elle lui a fait un massage cardiaque environ trois minutes après la demande d’aide logée à l’urgence, selon les estimations du coroner.

En raison de cette intervention, ce dernier estime néanmoins que Martin Collard a pu recevoir «les soins requis dans un délai relativement court» et que «le reste du personnel n’aurait pu le faire plus rapidement.»
Martin Collard a été maintenu en vie artificiellement pendant trois jours, avant que son décès soit constaté.

Une croyance répandue

La croyance du personnel médical, quant à leur impossibilité d’intervenir, ne trouvait appui sur «aucune directive et règle», conclut M. Lefrançois.

«On nous a rapporté que cette croyance était partagée par le personnel de tous les centres hospitaliers de la province», a-t-il écrit.

Suites aux événements entourant la mort de Martin Collard, une directive a été émise dans les centres hospitaliers du Québec pour mettre terme à cette fausse croyance du personnel médical.

En mai, suite à une enquête indépendante menée par le Service de police de la Ville de Québec sur l’intervention, le Directeur des poursuites criminelles et pénales a jugé qu’il n’y avait pas matière à poursuite envers les policiers étant intervenus.

Pour sa part, la famille de Martin Collard est en réflexion quant à la possibilité d’entamer des poursuites judiciaires.

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