Un DEP bonifié par les Premières Nations

Par Emy-Jane Déry 18 août 2017
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Les formateurs se sont inspirés du projet Nutshimiu Atusseun pour parfaire le DEP. Il s’agit d’un camp en forêt où des Autochtones apprennent les méthodes de vie ancestrales.

Des Autochtones apprendront à s’orienter avec les montagnes et les rudiments des plantes médicinales dans le cadre d’un DEP de garde-parc adapté pour les motiver à rester sur les bancs d’école.

Le Diplôme d’étude professionnelle (DEP) Protection et exploitation de territoires fauniques fait l’objet d’un projet pilote au sein du Centre de formation aux adultes (CRÉA) de la communauté innue de Uashat Mak Mani-Utenam. Un volet «Premières Nations» a été ajouté à la formation typique du ministère de l’Éducation, qui vise notamment à former des garde-parcs, des guides de chasse et pêche, ou encore, des assistants à la protection de la faune. Il s’agit d’une première au Québec pour cette formation.

Par exemple, des notions de plantes médicinales seront intégrées dans le volet «identification forestière» du DEP. On y enseigne généralement l’identification de la flore, et non à s’en servir pour donner des soins. En se basant sur des techniques propres aux pratiques ancestrales des Innus, les étudiants y feront donc de l’onguent antibiotique à partir du mélèze, ou de la tisane pour combattre la constipation avec du thé du Labrador.

On leur enseignera aussi à colmater les fuites d’un canot avec de la gomme de sapin, ou même comment se fabriquer une pelle et une pagaie à partir d’un tronc d’arbre.

Ils apprendront aussi quelques bases de la cuisine traditionnelle innue : nettoyer un porc-épic, ou préparer le pain banique en pleine forêt.

Dans le module «technique de pêche sur glace», la formation de base comprend l’apprentissage avec une ligne à pêche. Or, avec la bonification du programme, une technique de pêche sur glace à l’aide de filets sera aussi enseignée.

Dans la partie «s’orienter en forêt» du cours, il est prévu que des méthodes d’utilisation de GPS et d’une boussole soient transmises aux étudiants. Dans le programme bonifié, ils apprendront en plus à s’orienter grâce à la forme des montagnes et au positionnement du soleil.

Rétention des étudiants

De cette manière, le CRÉA fait le pari qu’il obtiendra une meilleure rétention des étudiants tout en améliorant leurs connaissances par rapport à leur propre culture.

«Ça leur permet de voir que dans le contexte d’un cadre scolaire dit conventionnel, les institutions d’enseignement permettent de véhiculer et reconnaissent les valeurs des Premières Nations», a expliqué Hermel Bégin, coordonnateur à la formation au CRÉA. «C’est adapté en fonction de leur réalité, ils se sentent reconnus, et ça, c’est motivant pour les étudiants», a-t-il dit.

La rencontre des deux cultures au sein de la formation sera bénéfique à tous, estime pour sa part Marc-André Racine, le seul professeur non Autochtone de la formation. Ce dernier donnait le DEP traditionnel depuis une dizaine d’années au Saguenay, avant de demander à prendre part au projet pilote de Sept-Îles.

«Ce qui m’a attiré c’est la découverte des Autochtones. Je présume que d’ici un an, je vais m’imprégner correctement, les comprendre. Je veux m’enrichir», a-t-il dit.