Festival Innu Nikamu : une communauté se mobilise

Par Éditions Nordiques 5 août 2017
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Cette amitié entretenue par Zachary Richard et Florent Vollant représente bien l’essence du festival.

Le plus grand festival de musique autochtone en Amérique reprend du service jusqu’au 6 août, à Mani-Utenam. Au-delà de la musique, le Festival Innu Nikamu représente pour les membres de cette communauté un moyen efficace de se réapproprier leur culture. Il constitue aussi une très belle source de fierté collective.   

Le fait que ce grand rassemblement se déroule à l’endroit même où était un pensionnat autochtone est  un élément significatif pour son comité organisateur. «C’est assez particulier. Ça s’inscrit dans l’histoire de la communauté. Des impacts se font sentir encore aujourd’hui. Compte tenu de tout ce qui a été vécu à cet endroit, on veut que cet espace devienne propice à la guérison. Tout se fait dans l’amour et en toute sobriété», soulève l’un de ces fondateurs, Réginald Vollant.

Le comité organisateur du festival a même songé récemment à changer d’emplacement, mais il est vite revenu sur sa décision. «On se trouve ici en plein cœur de la communauté. On se demandait si le lieu était adéquat pour recevoir autant de gens, souligne-t-il. Comme plusieurs, j’en arrive au constat que oui. On ne veut pas s’éloigner du sens que prend cette fête. Le site est appelé à demeurer le même. On peut cependant le réaménager autrement.»

Un important pas vers la réconciliation

Loin d’en teinter le contenu de sa programmation, les différentes commissions d’enquête sur les autochtones ont tout de même un certain impact sur son déroulement. «On ne peut pas en faire abstraction. On a des frères et des sœurs qui vont venir de partout au Canada. Dans nos échanges, on va certainement aborder ces questions. C’est tout à fait à propos. En tant qu’autochtone, on ne peut plus se fermer les yeux. Il faut le faire pour s’assurer un meilleur avenir. Le festival s’inscrit tout à fait dans cette lignée», lance-t-il.

Dans un tel contexte, les spectacles musicaux représentent un atout qui permet aux Blancs et aux Autochtones de se réunir pour festoyer. «En tant qu’artisan de la culture, notre rôle est là. La guérison passe par la fierté que l’on doit réanimer. On doit être fier d’appartenir à une culture aussi riche. Il n’y a pas que du sombre, tient-il à préciser. Il y a du positif dans notre histoire. Il faut aussi mettre cela à l’avant-plan. C’est ce que nous devons promouvoir.»

D’importants freins

Encore aujourd’hui, Réginald Vollant peine à s’expliquer le fait que certains allochtones n’osent pas mettre les pieds dans la communauté. «On y est confronté. Heureusement, les médias nous aident à faire tomber ces préjugés. On ne contrôle pas ce qui est véhiculé sur les Autochtones. Il y a aussi un travail à faire dans les communautés qui se doivent aussi véhiculer une image plus positive. On sent une réelle ouverture de part et d’autre. Ça tend à changer», remarque-t-il.

Plus récemment, les organisateurs avaient dénoncé le manque de financement public. Un cri du cœur qui semble avoir été entendu de la part des instances gouvernementales. «Nous n’avions rien à perdre dans un tel contexte. Ça représente moins de 5% de notre budget, insiste-t-il. On fonctionne bien, mais on a besoin d’aide. On est à bout de souffle. Tout comme vous, on veut s’amuser. Pour ce faire, ça demande une bonne équipe et des moyens adéquats.

Parmi les têtes d’affiche du Festival Innu Nikamu, on retrouve Zachary Richard, Twin Flames, Joey Stylez, Moe Clark,  Eadsé, Sly Mestokosho, Claude McKenzie, Florent Vollant, Black Bear Singers et le duo de  hip-hop Taktika.  La programmation complète peut être consultée sur sa page Facebook.

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