La présence de bar rayé sème l’inquiétude  

Par Éditions Nordiques 4 août 2017
Temps de lecture :

«Ça fait plus de 5 ans qu’on demande de rouvrir la pêche au bar rayé», commente d’emblée Alain Cossette de la Fédération québécoise des chasseurs et des pêcheurs (Fédération). Même son de cloche du côté d’Yves Girard de l’Association de protection de la rivière Moisie, qui réclame que des actions soient posées plus rapidement.

Jude Brousseau

Le directeur général de l’organisme qui se consacre à la «perpétuation de la chasse et de la pêche comme activités traditionnelles, patrimoniales et sportives », souligne que le programme de réintroduction de l’espèce était voulu et souhaité, mais qu’il est maintenant temps de redonner le droit de pêcher ce poisson, «symbolique de l’accès au fleuve».

«C’est un poisson magnifique, très bon à manger. Il a retrouvé ses habitats naturels», affirme M. Cossette, qui croit que le dossier stagne. «C’est qu’il y a deux gouvernements d’impliqués qui reçoivent les recommandations du Comité sur la situation des espèces en péril». Quant aux inquiétudes entendues sur la migration du bar dans les rivières, la Fédération ne s’en inquiète pas, considérant qu’il s’agirait d’exceptions. On affirme en effet que le bar rayé n’est pas un grand prédateur de saumoneaux. «Mais on doit tout de même intervenir pour le retirer de ces eaux douces et ainsi éviter qu’il ne s’habitue à ce nouveau milieu», prétend le dirigeant.

Deux populations distinctes

La chute remarquable de la population et «l’avenir incertain» du bar rayé observée dans les années 90, a sonné la fermeture de la pêche une première fois en1996, puis en 2000. Et c’est en 2004 que le bar recevait la mention «espèce menacée». Le poisson aux sept rayures a remonté le courant et se trouve désormais dans la catégorie d’espèce «préoccupante», sa reproduction dépendant d’une seule frayère, soit celle

située dans la rivière Miramichi.

Par contre, ce qui porte à confusion, c’est que le bar se présenterait en une seule espèce, mais en deux populations distinctes. Celle du sud du golfe du Saint-Laurent et le bar du fleuve Saint-Laurent. Charlène Lavallée est biologiste au ministère des Ressources naturelles et de la Faune. «Effectivement, on nous a rapporté des observations jusqu’à Natashquan. Mais c’est très récent pour nous. Depuis cette année en fait», dit-elle de son bureau de Sept-Îles. Mme Lavallée signale que la situation sur la Côte-Nord est bien différente de celle de la péninsule gaspésienne, et qu’il faut mieux la documenter. D’ailleurs, cette année, quelque 400 estomacs additionnels seront analysés, renchérit la biologiste. Les nouvelles données permettront d’obtenir des informations sur l’interaction avec les autres espèces, notamment le saumon de l’Atlantique. Charlène Lavallée conclut que le ministère est conscient de la situation, mais que

les nouvelles analyses font partie d’un long processus «nécessaire», avant de porter les recommandations pouvant modifier le statut du bar rayé.

Inquiétudes

De son côté, le prédisent de l’Association de protection de la rivière moisie, Yves Girard, se dit inquiet de la présence du bar rayé dans les rivières avoisinantes. Même s’il entend respecter les consignes du ministère qui interdisent à ses membres de pêcher le prétendu prédateur le temps que des études soient menées, M.Girard craint qu’il ne soit trop tard. «Présentement, on se rend compte que le comportement qu’on redoutait est en train de se produire. Puisque c’est une espèce en péril et en réintroduction, c’est un peu compliqué de prendre des mesures. Il faut attendre qu’il y ait des études. Mais si ces études-là durent trois, quatre ans, sera-t-il trop tard ?». Dans ce contexte, le président aimerait que des actions soient posées plus rapidement.

– Avec la collaboration de Frédérick Jolicoeur Tétreault

Partager cet article