Un logiciel développé par des scientifiques de Ressources naturelles Canada (RNCan) permet d’estimer la migration des papillons de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (TBE). S’il faut en croire la carte dessinée par le logiciel, qui combine les prévisions météo aux données recueillies sur le terrain, cette migration sera visible dans les prochains jours dans la Manicouagan.
Steeve Paradis
« Ces données nous donneront une information additionnelle pour le traitement (contre la tordeuse) », indique Christian Hébert, chercheur scientifique en écologie et diversité des insectes forestiers au Centre de foresterie des Laurentides de RNCan. « Les cartes nous permettent de déterminer les sources. »
Selon les prévisions du logiciel, 10 % de la migration de la TBE sera complétée à Baie-Comeau et sa région immédiate le 21 juillet. Dans la première semaine d’aout, cette migration, parfois spectaculaire avec des immenses nuées de papillons, de nuit, sera complétée à 90 %.
« Où sont les populations? Où est la défoliation? Ce sont des données importantes dans la gestion d’une épidémie qui deviennent disponibles. On pourra ainsi mieux cibler nos interventions », enchaine le chercheur scientifique, qui convient cependant que l’heure n’est plus à l’intervention ciblée dans la province.
« Au Québec, on n’est pas dans un contexte de prévention. Il est trop tard. Les interventions sont pour la protection du feuillage. C’est plus le cas au Nouveau-Brunswick, où on peut intervenir dès qu’on voit un foyer d’infestation », ajoute M. Hébert.
Cette stratégie, dite d’intervention hâtive, est l’une des hypothèses actuellement étudiées par l’un des collègues de Christian Hébert, Jacques Régnière, spécialiste de la dynamique des populations d’insectes au Centre de foresterie des Laurentides, pour tenter de contrôler la tordeuse, qui peut s’attaquer à des quantités impressionnantes de sapin, sa nourriture préférée. Comme son nom ne l’indique pas du tout, la TBE préfère nettement le sapin à l’épinette, et encore moins l’épinette noire.
Ressources naturelles Canada teste présentement sur la Côte-Nord différentes stratégies d’arrosage d’insecticide afin de garder le plus d’arbres possible en vie. La stratégie actuelle est d’arroser à chaque année quand la défoliation d’un peuplement atteint 50 %.
« Peut-être qu’il sera plus efficace d’arroser une année sur deux ou sur trois ans pour couvrir plus de territoire. Si la stratégie fonctionne, elle sera utilisée partout », explique M. Hébert.
Et qu’en est-il de l’état de la présente épidémie sur la Côte-Nord? « On pensait qu’elle tirait à sa fin, il y avait de moins en moins de superficies gravement affectées. Mais dans les échantillons de larves en hibernation de cette année, la population rebondit. On croit tout de même que ça peut s’achever dans le sud de la Côte-Nord et que ça ne devrait pas trop s’étendre au nord, où il y a plus d’épinettes noires », conclut le chercheur scientifique.
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