Rivière Moisie : les Innus cessent leur moyen de pression

Par Emy-Jane Déry 19 juin 2017
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Plusieurs membres de la communauté de Uashat Mak Mani-Utenam ont pêché dans les secteurs exclusifs aux pourvoiries.

Deux ministres vont se rendre à Uashat Mak Mani-Utenam pour tenter de calmer le jeu tandis que les Innus pêchent parmi les clients de pourvoiries privées pour réclamer la gestion de la rivière Moisie.

La communauté innue de Uashat Mak Mani-Utenam  veut devenir gestionnaire de cette rivière considérée comme l’une des meilleures à saumon du pays.  En mai, ils ont officiellement fait part de leur intention de ne pas renouveler leur entente de gestion de la rivière convenue avec le gouvernement du Québec il y a plusieurs décennies.

Les Innus demandent à Québec de racheter les pourvoiries privées du secteur pour leur en céder la gestion. Pour faire valoir leurs revendications, ils se rendent pêcher dans les zones réservées aux pourvoiries et dérangent au passage certains touristes qui peuvent débourser en moyenne de 1 000$ à 2 000$ par jour pour leur voyage de pêche.

C’est entre autres le cas à la pourvoirie Nipissis qui détient un bail de droit exclusif pour la pêche au saumon atlantique sur une quarantaine de kilomètres de la rivière.

«On s’est fait dire par les clients : ‘’si la situation ne s’améliore pas et qu’on n’est pas capable d’obtenir le produit pour lequel on paie, on ne reviendra plus’’», a déploré Charles Langlois, président de la pourvoirie.

Intervention du gouvernement

Le dossier a trouvé écho à l’Assemblée nationale jeudi dernier.  Devant la situation qui s’envenime, la députée péquiste de Duplessis Lorraine Richard a demandé une intervention rapide du gouvernement.

Le cabinet du ministre responsable des Affaires autochtones Geoffrey Kelley a confirmé au Journal qu’il viendrait sur place rencontrer le conseil de bande le 22 juin, en compagnie  du ministre de la Forêt, de la Faune et des Parcs, Luc Blanchette.

Face à cette réponse du gouvernement, le vice –chef de Uashat Mak Mani-Utenam Jonathan St-Onge a demandé à sa communauté de cesser les moyens de pression d’ici la rencontre.

«J’ai fait un appel au calme à la radio de la communauté hier, mais je ne peux pas tout contrôler», a dit M. St-Onge.

Les Innus plaident qu’on leur a injustement retiré leurs droits sur la rivière en 1861.

«Cette année-là, mes ancêtres y étaient. Une trentaine de familles ont trouvé la mort parce qu’elles avaient faim», a-t-il déploré.

Accommodement

La pourvoirie Nipissis a proposé aux Innus du temps de pêche dans son territoire, mais limité à des moments spécifiques de façon à ne pas nuire à la clientèle. Elle n’a pas eu de retour de la part du Conseil de bande.

«On a des dépenses d’engagées.  Si les gens commencent à s’en aller et  à demander des remboursements, ce ne sera pas facile à gérer», a dit M. Langlois. «On a espoir que la rencontre avec le gouvernement va nous permettre de finir la saison en toute tranquillité», a poursuivi M. Langlois.

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