La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire prend forme

Par Fanny Lévesque 10 avril 2017
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Les patrons de Tata Steel Minerais Canada et Champion Iron Limited, Rajesh Sharma et Michael O’Keeffe, entourent le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand.

Québec jette les bases de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire en recrutant deux premiers partenaires, Tata Steel Minerals Canada et Champion Iron.

Le ministre responsable de la Côte-Nord, Pierre Arcand, a confirmé le protocole d’entente entre l’État et les deux minières dimanche dans le secteur stratégique de Pointe-Noire. C’est à cet endroit que l’État a mis la main il y a un an sur les actifs de la minière Cliffs Natural Resources, qui a tiré un trait sur ses activités dans l’est du Canada en 2014, pour 66,75 millions $.

«Le site de Pointe-Noire révèle aujourd’hui son immense potentiel», s’est réjoui le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand. Tata Steel Minerals Canada et Minerai de fer Québec, une filiale de Champion Iron Limited, deviennent les actionnaires de la Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire avec la Société du Plan Nord.

Les sociétés ont chacune déposé déjà 1 million $ qui servira à l’achat d’actions. Les investissements à venir sur les terrains seront partagés «sur la base du volume» ou tonnage qui sera réservé par les minières. Tata Steel a d’ailleurs déjà expédié une première cargaison de minerai à partir du quai de Pointe-Noire, en septembre.

Mais d’autres joueurs, comme Mine Arnaud par exemple, pourraient s’ajouter à la société en commandite «qui a été constituée de façon à permettre l’arrivée d’autres partenaires», souligne le président-directeur général de la Société du Plan Nord, Robert Sauvé. L’objectif de l’État est de faire de Pointe-Noire «une infrastructure multiusager, ouverte à tous».

Les producteurs peuvent désormais utiliser les infrastructures publiques et n’ont pas à construire les leurs, une économie de coûts «cruciale» à l’heure où le marché du fer peine à se redresser. «(Les actions du gouvernement) vont aussi aider d’autres joueurs à faire leur chemin jusque sur les marchés», a lancé le grand patron de TSMC, Rajesh Sharma.

Interrogé sur le fait que son entreprise soit désormais assise à la même table qu’un de ses compétiteurs et que d’autres risquent d’y être aussi, le président-directeur général martèle que la «collaboration est critique» entre les joueurs de la fosse du Labrador. M. Sharma les invite plutôt à s’unir contre l’Australie et le Brésil, la véritable «compétition».

Investissements

Québec doit lancer ce printemps, les travaux de construction d’un convoyeur reliant ses actifs au quai multiusager du Port de Sept-Îles, tout juste voisin. L’infrastructure de 220 millions, payée à moitié par l’industrie minière, pourrait enfin expédiée ses premières tonnes de fer à l’automne, grâce à Tata Steel.

L’État a déjà réservé un montant de 15 millions $ pour le raccordement. Avec l’achat des actifs et leur redémarrage, Québec aura investi 100 millions $ à Pointe-Noire. Champion et Tata Steel sont d’ailleurs deux des cinq partenaires du quai multiusager du Port de Sept-Îles.

La Société ferroviaire et portuaire de Pointe-Noire embauche 39 travailleurs. Ce nombre grimpera à 50 cet été.

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Regain pour le Plan Nord

Avec un prix du fer qui gagne tranquillement en force, le Plan Nord pourrait connaitre un nouvel élan, croit le ministre Pierre Arcand.

La tonne de fer se négocie autour de 80$, c’est le double de l’année dernière. Mais malgré cette embellie, plusieurs experts prévoient un prix de retour à la baisse en 2017. Qu’à cela ne tienne, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles affirme observer sur le terrain, un intérêt revigoré des investisseurs pour l’industrie minière.

«Même si je vous faisais la meilleure prévision, la meilleure chose que je peux vous dire, c’est voici deux entreprises qui décident de se lancer», a fait valoir le ministre Arcand, qui a annoncé dimanche, que Tata Steel Minerals Canada et Champion Iron Limited se joignent à la Société du Plan Nord dans une nouvelle société en commandite.

«Il y en a d’autres aussi (intéressées) que je ne peux pas vous mentionner à ce stade-ci», a-t-il poursuivi. Le ministre Arcand explique que «la période de sensibilisation» des éventuels partenaires du Plan Nord «est complétée» et que les investisseurs veulent maintenant que Québec «arrive avec des projets, des choses concrètes».

L’État ne ferme pas la porte non plus à investir dans les visées de joueurs miniers de son Plan Nord, comme il l’a fait dans celles de Tata Steel ou Champion. «On est toujours ouvert, mais évidemment, il faut une cohérence dans l’approche. Comme gouvernement, on se doit aussi d’être juste envers tous les partenaires», souligne-t-il.

Mais Québec demeure convaincu que le désenclavement de la Pointe-Noire grâce à son intervention donnera de l’air au Plan Nord. «C’est fondamental (…) Je ne rencontre jamais de minières qui ne me parlent pas de l’importance d’avoir un accès facile. C’est la clé qui peut permettre au Québec d’être compétitif.»

 

 

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