Imagerie médicale: Une Portcartoise à bout de souffle  

Par Éditions Nordiques 16 mars 2017
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Une pénurie de radiologistes dans la région affecte plus de 400 patients qui doivent attendre plusieurs mois pour recevoir une infiltration en imagerie médicale. Une situation à laquelle essaie de remédier sans succès le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord. Une patiente de Port-Cartier lance un cri du cœur.

En attente d’injections pour le dos depuis juin 2016, Marie-May Soucy est insatisfaite du traitement accordé à son cas, considéré prioritaire par son médecin traitant. C’est que la seule radiologiste en poste à Sept-Îles se trouve en congé maternité. «À défaut d’être offert à Sept-Îles, on m’a dit qu’il pouvait l’être à Baie-Comeau. Lorsque j’appelle pour obtenir un rendez-vous, on me dit toujours que la liste est longue et que l’horaire (du médecin) n’est pas disponible pour le moment. On m’assure que mon nom est sur la liste, mais rien ne semble bougé. On me sort constamment la même cassette», déplore-t-elle vivement.

En plus de la douleur constante qu’elle ressent, la Portcartoise âgée de 80 ans craint que l’absence de traitements ait de lourdes conséquences sur son autonomie. Dans ce sens, elle confirme qu’il lui est plus difficile de se déplacer sur de courtes distances qu’auparavant. «Le bas du côté gauche de mon corps s’est considérablement affaissé. J’ai constamment peur de tomber. À mon âge, les conséquences d’une chute sont graves. Ça peut nécessiter des soins importants en milieu hospitalier.»

Pour couvrir ses déplacements vers Baie-Comeau, aucune compensation financière n’est offerte à Mme Soucy en vertu de la Politique de déplacement des usagers du ministère de la Santé et des Services sociaux puisque le service est offert dans une distance de moins de 200 km de l’endroit où elle réside. Un compromis qu’elle se sent néanmoins prête à effectuer.

Un cas parmi d’autres

Pour remédier à la situation, le CISSS Côte-Nord effectue présentement des démarches pour l’embauche de nouveaux radiologistes. D’ici là un corridor de services a été établi avec l’hôpital de Baie-Comeau. Cependant, l’une des deux radiologistes est également en congé de maternité, ce qui vient allonger considérablement le délai pour les personnes en attente d’une infiltration par imagerie médicale.

Sans vouloir se prononcer directement sur le cas de Mme Soucy, la directrice des services professionnels du CISSS Côte-Nord, Chantal Baril, insiste sur le caractère électif de cette procédure. «On réfère ici à une notion de douleur. C’est difficile à évaluer, souligne-t-elle. Il y existe d’autres alternatives pour contrôler cette douleur. D’autres modalités thérapeutiques peuvent être adressées. Ça n’a rien d’urgent en soi pour les patients, mais je peux vous assurer qu’on fait tout en notre possible pour remédier à la situation.»

Elle se dit préoccupée par le fait que les médecins traitants soient de plus en plus nombreux à prescrire cette procédure à leur patient. Une situation qu’elle attribue au vieillissement de la population. «Je considère qu’il y a beaucoup trop de demandes. Il y a un élément de pertinence clinique à regarder. Si tout le monde prescrit ce traitement, il nous sera impossible de le fournir à tout le monde. J’en reconnais ses bienfaits à une certaine fréquence», soulève-t-elle.

Aucune recommandation

Avec l’aide du Centre d’assistance et d’accompagnement aux plaintes (CAAP) Côte-Nord, Marie-May Soucy a procédé au dépôt d’une plainte à l’égard du CISSS Côte-Nord, cet automne. À la suite de son traitement, la commissaire aux plaintes, Manon Bourgeois, n’a émis aucune recommandation dans son rapport. Interpellée, la députée de Duplessis Lorraine Richard  dit suivre de près le dossier. La plainte vient d’être acheminée au Protecteur du citoyen.

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