Bernard Gauthier à Tout le monde en parle: «Je suis ce que je suis»

Par Fanny Lévesque 26 janvier 2017
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«On ne peut pas faire faire un virage à 180 degrés à ce système politique là, si on ne prend pas une attitude comme ça. Si je fais la couleuvre avec tout le monde, je ne pourrai jamais y arriver». Rencontré quelques jours après son controversé passage à l’émission Tout le monde en parle, Bernard Gauthier n’a pas l’intention de changer d’un iota pour plaire à l’électorat.

«Il faut pas que je change, je suis ce que je suis. Combien de fois je me fais écrire que les gens veulent que je reste moi-même», martèle celui qui a été au centre de l’actualité de la semaine dernière. «Je garde le cap, j’essaie de ne pas offusquer personne, c’est bien certain. J’image la patente c’est tout. Je suis spontané et je vais toujours le rester», poursuit-il.

Le syndicaliste qui a fait le saut en politique en décembre pour être le porte-parole du parti Citoyens au pouvoir a fait réagir dimanche dernier, particulièrement lorsqu’il a voulu «imagé» un souper entre amis où «après quelques bières», les «hommes parlent de politique» et les filles «de leur linge». Il n’en fallait pas plus pour faire exploser les médias sociaux et l’ire de groupes féministes.

«La moindre des choses, ça aurait été de me poser la question. Si je pense que la femme n’a pas sa place en politique, pourquoi j’ai été dire que Marilène Gill (députée fédérale de Manicouagan) est solide (dans son rôle). Il y a une logique qui s’instaurait en 15 secondes et (les groupes) n’ont pas pris le temps de le faire», déplore-t-il.

Appelée à réagir, Mme Gill, qui a notamment été déjà coordonnatrice du Regroupement des femmes de la Côte-Nord, a questionné «l’intention» de M. Gauthier, nuançant qu’elle connait «le personnage authentique» qu’il incarne. «On s’attend à retrouver cette couleur-là. En même temps, j’imagine que M. Gauthier fait ses classes (…) Quand on est en politique, on est là pour tout le monde», a-t-elle dit.

Sur sa page Facebook, la députée de Duplessis a dénoncé les propos de M. Gauthier soulignant leur teneur «sexiste». «Certains diront que ce n’était que de l’humour, mais ça ne représente certainement pas un avancement vers l’équité entre hommes et femmes au Québec», a affirmé Lorraine Richard. Mais qu’à ce ne tienne, Bernard Gauthier ne s’excusera pas.

«Je ne veux pas m’embarquer là-dedans (…) Je la respecte la femme en 2017, elle est pareille à l’homme. On est loin des années 30 ou 40», dit-il. «Je parle avec mes tripes, mon cœur (…) J’ai toujours persévéré et je vais le faire encore, je ne changerai pas mon discours. Je vais m’excuser quand je vais commettre une erreur. J’adore m’excuser. C’est bon pour l’humilité et ça fait du bien».

Pas surpris

Le Nord-Côtier ne s’est d’ailleurs pas surpris de la tempête médiatique qui a suivi son entretien à la populaire émission du dimanche soir. «Si ça n’avait pas été ça, ça aurait été ma chemise, mes cheveux ou ma boucle d’oreille», indique-t-il. Pour ce qui est de ses opinions sur l’immigration, Bernard Gauthier persiste à dire qu’il est inquiet de «l’immigration de masse» pour entre autres, la sécurité des Canadiens.

«Avons-nous les moyens de supporter tout ça?» s’interroge-t-il. «C’est bien beau être généreux, mais est-ce qu’on va se couper la tête pour faire plaisir à d’autre monde? Ça, je m’inquiète là-dessus. (…) Va falloir se réveiller, ce n’est pas du racisme, c’est du questionnement social», poursuit-il.

Mais Bernard Gauthier précise qu’il s’agit de ses «opinions personnelles» et que «le parti n’a rien à voir». Il espère d’ailleurs que la population pourra faire la part des choses. «Va falloir que je fasse comprendre au monde que je ne suis pas tout seul. Citoyens au pouvoir, c’est pas Bernard Gauthier. S’ils avaient voulu que je choisisse toute, ça aurait été Bernard Gauthier au pouvoir», explique-t-il.

Le coloré leader syndical assure que les citoyens «voteront pour eux-mêmes» parce que la plateforme du parti politique sera élaborée selon leurs préoccupations. «Je savais que le Québec était malade, mais à ce point? Non. C’est pour ça que je suis en mission (…) Si vous ne m’aimez pas, bien je m’en irai de là, mais au moins je vais avoir donné une chance à nos enfants de vivre dans un Québec démocratique parce que ce n’est pas le cas maintenant», assure-t-il.

Une pause

Par ailleurs, Bernard Gauthier dit prendre une pause en n’accordant plus d’entrevues sur la politique pour se consacrer à son travail de représentant du local 791 de l’Union des opérateurs de machinerie lourde. C’est aussi en 2017 que la convention collective pour le secteur du génie civil et de la voirie sera renégociée. «Je veux mettre mes énergies là-dessus et sur la mobilité de la main-d’œuvre», dit-il.

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