Élection de Trump: Le marché du fer bondit

Par Fanny Lévesque 14 novembre 2016
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Le marché du fer profite à court terme de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. Le prix du fer a bondi de près de 15% depuis le changement de garde à la Maison-Blanche, passant de 66$ (US) à un peu plus de 75$ la tonne, lundi.

Un bond «logique» alors que Trump a promis d’investir massivement dans les infrastructures des États-Unis, a expliqué l’associé et leader du secteur minier pour le Québec chez PricewaterhouseCoopers, Nochane Rousseau. «Que ce soit les routes, les aéroports ou les ports, tout ça devrait avoir un impact favorable sur les métaux de base et industriels. (…) De voir le cuivre, le fer augmenter, c’est logique quand on se concentre sur l’économie américaine».

Les grands joueurs miniers de la planète ont aussi vu leur valeur boursière grimper depuis le jour du scrutin. L’action de Cliffs Natural Resources, installé aux États-Unis, a grandi de 20% et celle de l’aciériste US Steel, de plus de 22% (en date de vendredi 11 novembre). Chez nous, les producteurs miniers ArcelorMittal et Rio Tinto bénéficient d’une hausse autour de 10%.

Champion Iron Limited, qui a récemment racheté la mine du lac Bloom mais qui n’opère pas, a aussi vu son titre hausser de 21%. La société a même publié un communiqué le 9 novembre pour confirmer qu’elle n’avait pas divulgué d’informations importantes liées à ses projets, qui auraient pu expliquer le bond de la valeur de son action.

Profitable pour ceux en place

Nul ne peut prédire si cette embellie se maintiendra à long terme, mais elle est profitable pour les minières déjà bien en place, estime M. Rousseau. «Des ArcelorMittal ou des Rio Tinto vont être capables de monétiser l’augmentation des prix», indique l’expert.

Pour les projets sur la table à dessin, il faudra néanmoins attendre un peu, selon lui. «Est-ce que des projets qui sont arrêtés ou en développement iront de l’avant? C’est trop tôt parce que les gens vont attendre de voir à quel point les marchés vont être volatiles», prévoit Nochane Rousseau. «C’est trop récent pour prendre des décisions.»

Paradoxe

C’est que l’arrivée au pouvoir de Donald Trump amène peut-être un vent favorable sur l’économie américaine, mais pas encore sur l’échiquier mondial avec ses promesses de politiques plus protectionnistes. «Ça crée une incertitude sur l’économie mondiale et quand il y a de l’incertitude, les gens ne dépensent pas», rappelle-t-il.

Un recul de la croissance mondiale n’entrainerait «paradoxalement» rien de bon pour le marché des métaux «parce quand il a moins de développement, les gens en consomment moins». «La seule chose dont je suis convaincu, c’est qu’il va y avoir beaucoup de volatilité parce qu’il y a deux tendances», souligne-t-il.

Une volatilité qui pourrait s’accroitre davantage si les «surprises» causées par le vote sur le Brexit ou le choix de Trump deviennent une «tendance» à travers la planète. «Je reste très prudent», assure M. Rousseau qui cite entre autres, la tenue des élections en France et en Allemagne en 2017, qui pourraient aussi créer de «l’incertitude sur les marchés».

À noter que le marché aurifère a quant à lui reculer depuis l’élection de M. Trump.

Et pour l’aluminium?

L’élection de Donald Trump, qui a promis de «déchirer» l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), n’inquiète pas l’Association de l’aluminium du Canada, qui veillera néanmoins au grain pour que la nouvelle administration américaine «comprenne bien la qualité et la richesse» de ses relations avec son voisin du sud.

«C’est pas inquiétant, c’est préoccupant», a réagi le président-directeur général de l’Association, Jean Simard. «Ça veut dire qu’on va s’en préoccuper et on va s’assurer de faire les représentations requises, avec nos collègues américains, pour que les décideurs aux États-Unis prennent les bonnes décisions, basées sur des données et la science.»

Pour l’heure, environ 80% de la production des alumineries canadiennes, toutes situées au Québec à l’exception d’une seule en Colombie-Britannique, prend le chemin des États-Unis. C’est l’équivalent de 2,7 millions de tonnes de métal gris. Des joueurs comme Rio Tinto ou Alcoa y ont d’ailleurs «une très forte présence», souligne M. Simard.

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