Cliffs réclame plus de temps 

Par Fanny Lévesque 21 septembre 2016
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Cliffs Natural Resources a besoin de plus de temps pour finaliser sa restructuration légale. Le contrôleur de la société américaine réclame un sursis jusqu’au 31 janvier 2017, quasi deux ans jour pour jour après avoir placé les actifs de la mine du lac Bloom sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers.

La liquidation des biens semble tirer à sa fin alors que les gros éléments ont déjà trouvé preneur, estime l’avocat Me Luc Dion, qui explique que l’examen des créances s’est activé au cours de l’été. «Ils (le contrôleur) sont dans la phase finale de l’analyse, estime-t-il. Ils réclament les dernières précisions (…) ils vérifient ce qu’on appelle les garanties», a-t-il indiqué, lui qui représente cinq créanciers.

Il est toujours difficile de chiffrer la dette de Cliffs Natural Resources, mais elle atteindrait entre 100 et 300 millions $ seulement pour les créances liées aux opérations et à des travaux impayés. Au grand total, il a déjà été estimé qu’elle pourrait s’élever à plus d’un milliard de dollars. «Le portrait définitif et final, personne ne l’a», précise Me Dion.

C’est en 2017 que les créanciers pourraient y voir plus clair, prévoit-il. Le processus en serait à «un espèce de point charnière», illustre Me Dion. «Il va falloir que cela (la liquidation) ait une fin», dit-il. Dans sa requête, le contrôleur indique d’ailleurs avoir débuté à «explorer les options» pour disposer des actifs qui ne seront pas vendus, notamment ceux de la mine Scully, qui suscitent moins d’intérêt.

«Dépendant l’issu de la vente, il y aura peut-être des obligations, par exemple environnementales, qui devront être rencontrées et qui vont devenir prioritaires», envisage Me Dion. «Ça, ce sont des points d’interrogation», dit-il. Mais, une fois la cagnotte de la vente connue, le reste pourra se préciser. «J’ai confiance qu’en 2017, on verra enfin clair sur les sommes qui pourront être allouées aux créanciers».

Délais «raisonnables»

Dans sa requête, le contrôleur justifie son nouveau délai entre autres pour «déterminer, avec l’approbation de la Cour, la façon appropriée de distribuer aux créanciers» les revenus de la liquidation. Un débat à prévoir en 2017 qui sera «peut-être la partie la plus âpre», indique Me Dion pour notamment établir la priorité des créanciers et la valeur de leurs réclamations.

Selon Luc Dion, les délais réclamés pour l’heure sont «raisonnables» compte tenu de l’ampleur de Cliffs Natural Resources, qui comptait des millions en actifs au Québec. «On ne peut pas prétendre ici que ça n’a pas été concret et qu’il n’y a pas de progression de mois en mois», souligne-t-il citant la vente en quelques semaines de la mine du lac Bloom et des installations de Pointe-Noire.

Survol des grandes transactions

  • Mine du lac Bloom achetée par Champion pour 10,5M$
  • Installations de Pointe-Noire achetées par Québec pour 66,75M$
  • Vastes terrains achetés par le Port de Sept-Îles pour 1,25M$

Des créanciers réalistes

Luc Dion indique qu’à son avis, «tout le monde est conscient que personne ne va ravoir 100% de sa créance, c’est impossible», lance-t-il. «Mais pour le reste, on ne sait pas». Les créanciers joints par Le Nord-Côtier entretiennent aussi des attentes réalistes. «Je n’ai pas espoir de recevoir une partie importante de ma demande, mais on espère en recevoir», a commenté le vice-président Finances et administration de EBC, Martin Houle.

L’entreprise de Québec et son consortium UNNU-EBC réclament 52 millions $ à Cliffs, dont 31 millions $ en réclamation garantie pour des travaux exécutés, mais non payés. «On souhaite le plus sincèrement que la fin de l’analyse va permettre la distribution d’un reliquat aux créanciers qui ont perdu des sommes importantes d’argents», a-t-il poursuivi.

Les Équipements Nordiques de Sept-Îles, qui cumule une créance de plus d’un million, confirme pour sa part «ne pas s’attendre à grand-chose». «On a hâte que ça finisse», a lancé le président Régis Bouchard. L’entreprise explique toujours tenter de tirer son épingle du jeu avec la débâcle du fer, qui a eu raison de Cliffs. Les activités de la minière représentaient le quart de son chiffre d’affaires.

La requête pour l’obtention d’un sursis jusqu’en janvier 2017 sera présentée à la Cour supérieure le 28 septembre, deux jours avant l’échéance du précédent délai. Déjà, le contrôleur a fixé au 5 octobre la date butoir pour la réception d’offres «d’acheteurs potentiels» d’équipements de la mine Scully à Wabush.

Des discussions se poursuivent entre autres pour la vente du camp minier du Mont-Wright dans le secteur de Fermont et celle d’une cinquantaine de résidences appartenant à Cliffs dans la ville de Wabush. Au début du mois, Rio Tinto IOC a mis la main sur 159 wagons destinés à la phase 2 d’expansion de la mine du lac Bloom.

 

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