La Côte-Nord perd de plus en plus de résidents

Par Fanny Lévesque 9 mars 2016
Temps de lecture :

Le ralentissement économique continue de plomber le bilan migratoire de la Côte-Nord, qui affiche une perte de 1 339 citoyens au cours de la dernière année. C’est plus d’un pour cent de la population, révèle l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

La Côte-Nord connaît «et de loin, le déficit le plus lourd de toutes les régions» avec un taux migratoire à la baisse de 1,42% en 2014-2015, peut-on lire dans le bulletin Coup d’œil sociodémographique publié la semaine dernière. La diminution affecte toutes les MRC du territoire, ainsi que tous les groupes d’âge.

Le bilan n’est pas étranger au ralentissement du marché des ressources naturelles, notamment celui du fer, qui fait mal à la Côte-Nord depuis deux ans.

«Il y a plusieurs facteurs qui jouent, mais c’est difficile de ne pas faire de lien avec l’évolution de la situation économique, surtout que le profil migratoire de la Côte-Nord a des similitudes avec l’Abitibi-Témiscamingue, explique Martine St-Amour de l’ISQ. Ces régions ont en commun l’importance de l’industrie minière dans leur économie».

Le départ des Nord-Côtiers n’est pas non plus sans rappeler la fermeture de Cliffs Natural Resources, dont l’arrêt des activités s’est traduit par la perte de centaines d’emplois directs et indirects. C’est d’ailleurs la MRC de Caniapiscau, où se trouve la mine du lac Bloom, qui subit le plus grand déficit, avec le départ de près de 200 citoyens (-4,71%).

Depuis deux ans, le déficit migratoire se creuse même «assez rapidement» dans la région, remarque Mme St-Amour. La Côte-Nord a, en fait, enregistré qu’un seul bilan positif depuis que l’Institut compile ce genre de données (1998-1999) et c’était en 2010-2011, en pleine flambée du prix du fer.

Pas de surprise

Ce recul marqué depuis 2011 n’étonne en rien le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier. «Je ne peux pas dire que je suis surpris, parce que notre économie est tellement axée sur les ressources naturelles, a-t-il réagi. C’est navrant et ça nous donne encore plus de raisons de travailler sur notre diversification économique».

En ce sens, le maire Porlier n’a pas manqué de rappeler qu’il souhaite rencontrer le premier ministre Couillard. «Je veux connaître ses intentions en regard des régions comme la nôtre, lance-t-il. On travaille sur des projets (avec le gouvernement) mais pas sur une vision globale qui puisse assurer une pérennité».

«En aucun temps, je remets en question le travail du ministre Arcand (Pierre, responsable de la Côte-Nord), mais je veux entendre de la bouche du premier ministre, quelle sorte d’avenir il voit pour notre région et pour Sept-Îles. Est-ce qu’on peut arrêter de voir la Côte-Nord comme une région où l’on vient et d’où on sort?»

Recul ailleurs en régions éloignées

Tout comme la Côte-Nord, les régions éloignées enregistrent des soldes migratoires déficitaires. Le nombre de personnes qui ont quitté le Saguenay-Lac-Saint-Jean (-0,20%) et l’Abitibi-Témiscamingue (-0,37%) a continué d’augmenter en 2014-2015, mais a ralenti au Bas-Saint-Laurent (-0,09%) et en Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine (-0,14%).

Entre juillet 2014 et juillet 2015, quelque 190 500 Québécois ont déménagé de région, soit 2,4% de la population de la province.

Partager cet article