Intimidation au féminin: Une adaptation constante pour le milieu scolaire 

Par Éditions Nordiques 18 novembre 2015
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Fabien Roy interagit ici avec d’autres élèves de niveau collégial au Prix littéraire des collégiens. Une expérience, dont il ne retire que du positif.

Comme tous les établissements scolaires au Québec, l’école Manikoutai s’est dotée d’un protocole d’intervention pour la lutte contre l’intimidation. Un outil précieux qui vient outiller les membres du personnel, en leur fournissant une marche à suivre uniforme et flexible.

Technicienne en travail social à l’école Manikoutai, Melly Rioux, est la principale intervenante de l’établissement scolaire en matière d’intimidation. «Il y a des expressions qui ont toujours existé. Par contre, se traiter de bitch, de salope et de putain, c’est relativement nouveau. C’est un combat difficile. C’est un vocabulaire assez commun qu’elles utilisent entre elles, même pour décrire un cercle d’ami», constate-t-elle.

Une situation associée au phénomène de l’hypersexualisation et aux nombreuses émissions de téléréalité qui véhiculent très souvent de mauvaises valeurs à ces adolescentes, en plus de les inciter à adopter un langage inadéquat, voire grossier.

«Les modèles ont éclaté chez les jeunes et ce n’est pas toujours positif. On doit souvent les ramener à de vraies valeurs et leur faire prendre conscience de l’importance d’adopter des comportements pacifistes» – Melly Rioux 

De nombreux acteurs impliqués

L’intimidation au féminin est très souvent un phénomène de groupe où une tête forte, l’agresseur, se cherche des alliés pour intimider la victime. «On prend très souvent une victime qui se trouve à l’extérieur du groupe. On s’attaque très souvent à sa réputation et ça se fait à travers les médias sociaux, indique-t-elle. Il est facile d’écrire et de publier un statut. À partir de là, s’en suit une escalade de commentaires méprisants.»

Plus viral par sa forme, ce mode d’intimidation engendre d’importantes blessures qui sont parfois très difficiles à réparer chez la victime. «C’est souvent très soudain, voire inattendu. La personne ne s’attendait pas à de tels commentaires à son endroit, souligne Mme Rioux. Ça vient changer la manière d’intervenir. Les conséquences sont différentes d’une personne à une autre, selon son implication. Ce sont des cas plus longs à gérer.

De précieux partenariats

Pour lutter contre l’intimidation, la technicienne en travail social se dit très heureuse de pouvoir compter sur l’appui du milieu communautaire. «Ces partenariats nous sont très bénéfiques. On a accès à des experts qui nous prêtent main-forte pour mettre fin à des situations d’intimidation. Ça fait en sorte qu’on ne se sent  pas seul dans le processus et c’est grandement apprécié. Ça nous donne des outils supplémentaires vers lesquels se tourner au besoin», avance-t-elle.

Une collaboration qui a donné lieu à de nombreuses interventions dans les murs de l’établissement scolaire. «Les jeunes sont devenus des agents de changement. Ils n’hésitent pas à dénoncer un agresseur. Ils le font sans avoir été contraints de le faire. Tout ça vient prouver qu’un changement de mentalité s’opère. Oui, on doit en faire un peu plus pour lutter contre la cyberintimidation, mais on est dans la bonne voie», déclare-t-elle.


  (Photo : Le Nord-Côtier) 

 

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