Départ du DG adjoint: «Je retrouve moins ma place dans le CISSS» – Jeannot Michaud

Par Fanny Lévesque 2 septembre 2015
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Des lits seront libérés à l’hôpital de Sept-Îles dans l’éventualité où des personnes atteintes de la COVID-19 devaient être hospitalisées.

Le directeur général adjoint du Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord (CISSS), Jeannot Michaud, a mis un terme à ses nouvelles fonctions le 28 août. En entrevue au Journal, l’ex-directeur général de l’établissement de Sept-Îles a confié moins retrouver «sa place» dans la structure régionale découlant de la Loi 10.

«Je m’interroge sur la valeur ajoutée de mon rôle dans cette grande équipe de gestion», a expliqué M. Michaud, qui a conclu une «entente de départ» avec son employeur, effective depuis vendredi.

«Ce n’est pas un constat négatif face à l’équipe, c’est plus moi dans ça. J’ai peut-être un peu moins de place que j’en avais (…) Ça implique que j’ai un peu de la misère à me retrouver».

À la barre du centre de santé de Sept-Îles de 2013 jusqu’à l’entrée en vigueur de la Loi 10 modifiant l’organisation et la gouvernance du réseau en avril, Jeannot Michaud qualifie le nouveau CISSS de «plus grosse machine» qui offre moins de proximité. «Pour moi, la relation de proximité, c’est important. Je ne pouvais pas être partout à la fois et j’avais l’impression d’en échapper», poursuit-il.

Mais M. Michaud demeure optimiste avec la mise en place de la nouvelle structure. «On a un problème de financement chronique que l’on va peut-être résoudre en diminuant les structures, concède-t-il. C’est juste que moi, dans cette philosophie de gestion, la place que je peux prendre, je ne le sais pas et j’ai peur de ne pas rendre service à tout le monde de la même façon.»

Aucun regret

Celui qui compte 30 années de service en santé quitte pour des défis qui lui sont encore inconnus, mais «il n’est absolument pas question» de retourner dans le réseau, fait-il savoir. «J’ai atteint mon objectif avec le CSSS de Sept-Îles», explique M. Michaud, soulignant le retour à l’équilibre budgétaire.

«Je n’ai absolument aucun regret, je suis même fier (…) Je suis arrivé à livrer une organisation en santé financière».

Selon lui, l’établissement de Sept-Îles avait aussi réussi à «reprendre du poil de la bête» sur le plan clinique. «Mais, il reste du chemin à faire et c’est peut-être là mon deuil parce que je sentais qu’on pouvait faire plus, mais j’ai l’impression que ça s’insère dans une immense dynamique et que ça va être beaucoup plus lourd que ça l’était», indique-t-il.

Le Septilien de 55 ans enseignera cet automne un cours de Gestion des ressources humaines au campus de Sept-Îles de l’Université du Québec à Chicoutimi. «Je suis né à Sept-Îles, je veux rester ici, je n’ai pas l’intention de quitter et je souhaite avoir un rôle actif».

Le départ de Jeannot Michaud ravive les inquiétudes

Le départ de Jeannot Michaud ravive les inquiétudes du Comité d’action et de vigilance pour les services de santé de l’Est de la Côte-Nord, qui craint un déséquilibre de la représentativité des secteurs Est et Ouest de la région, au sein du nouveau Centre intégré de santé et de services sociaux de la Côte-Nord (CISSS).

Formé dans la foulée de la mise en place de la Loi 10, le comité de vigilance veille au grain pour que l’Est de la Côte-Nord soit représenté équitablement dans les postes-clés de la nouvelle structure. Mais le départ de Jeannot Michaud, qui occupait jusqu’à vendredi les fonctions de directeur général adjoint du CISSS, entraîne son lot d’incertitudes à Sept-Îles.

«Ce poste, hautement stratégique au sein de la direction du CISSS, était l’un des rares octroyés à un représentant de Sept-Îles», peut-on lire dans un communiqué transmis, vendredi. «

La porte est grande ouverte encore une fois», a commenté le maire de Sept-Îles et porte-parole du comité, Réjean Porlier.

Le comité craint que les responsabilités de M. Michaud soient réparties entre les membres de la direction déjà en place plutôt que de pourvoir son poste avec un intervenant du secteur Est. «Il n’y a rien d’écrit nulle part, on demande au ministre (de la Santé) Gaétan Barrette, qu’il vienne nous voir, qu’il nous rassure», a poursuivi M. Porlier.

Les inquiétudes du comité sont d’autant plus vives alors que les membres du conseil d’administration du CISSS de la Côte-Nord sont à l’aube d’être connues, a rajouté M. Porlier. Pour l’heure, la présidente-directrice générale adjointe du CISSS, Johanne Savard, assurera par intérim les responsabilités de Jeannot Michaud.


 (Photo: Archives – Le Nord-Côtier)  

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