Mine Arnaud valorisera aussi de la magnétite

Par Fanny Lévesque 2 novembre 2011
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La société Mine Arnaud, qui lorgne l’exploitation d’une mine d’apatite non loin du périmètre urbain de Sept-Îles, envisage maintenant la possibilité de valoriser la magnétite aussi présente en grande quantité dans le gisement situé dans le canton Arnaud. Jusqu’à tout récemment, la société ne prévoyait que vendre l’apatite extraite.

Le promoteur a confirmé la nouvelle après que le Regroupement citoyen pour la Sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles ait fait une sortie publique, jeudi matin, annonçant que Mine Arnaud tentait de trouver un marché pour la magnétite titanifère. «Mine Arnaud pense qu’il serait avantageux de minimiser les résidus et de valoriser la magnétite», a indiqué le porte-parole de la firme National, Alain Madgin alors que deux semaines plus tôt, il affirmait que la société n’en avait pas l’intention. «Il y a eu une évolution dans le processus.»

Mine Arnaud envisage produire environ 1,3 million de tonnes de concentré d’apatite par an. «Le procédé de traitement du minerai qui sera utilisé produira également environ 2,3 millions de tonnes annuellement de concentré de magnétite titanifère qui sera déposé dans une aire d’accumulation distincte étant donnée la valeur potentielle de ce produit sur le marché», a précisé M. Madgin. La société n’aurait pas l’intention d’augmenter la production initialement prévue pour valoriser davantage de magnétite.

Manque de transparence?
Pour le comité citoyen, il s’agit là d’une preuve que Mine Arnaud cache des informations à la population et à la classe d’affaires de Sept-Îles. «On a demandé à quatre reprises à Mine Arnaud ce que la compagnie voulait extraire (…) la réponse a toujours été que l’apatite. Soit Mine Arnaud ne nous dit pas toute la vérité, soit elle n’a pas lu les études du ministère des Ressources naturelles sur le sujet où il est mentionné depuis 1997 l’intérêt économique de combiner la magnétite titanifère à l’apatite», a fait valoir la porte-parole du regroupement, Louise Gagnon.

Le comité redoute aussi que d’autres changements soient apportés à l’avis de projet présenté en décembre 2010 au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs. Le comité citoyen déplore que Mine Arnaud n’informe pas le milieu des changements apportés au projet. «Jusqu’où iront les modifications? Dans le procédé en usine? La grandeur de la fosse? Sa profondeur? Autre chose pourrait-il être extrait? (…) Il reste encore de grandes questions dont les réponses devraient déjà être connues», a ajouté Mme Gagnon. Le regroupement revendique que le projet, toujours au stade de l’étude de faisabilité, soit traité dans son ensemble devant le Bureau des audiences publiques sur l’environnement.

Le comité se questionne aussi sur les méthodes d’entreposage qui seront utilisées pour la magnétite puisque le site de la mine se trouve à proximité plusieurs résidences situées le long de la route 138, dans le canton Arnaud et à quelques dizaines de kilomètres de la prise d’eau potable de la Ville de Sept-Îles.

Le maire surpris
Le maire de Sept-Îles n’était pas non plus au courant de l’intention de Mine Arnaud de valoriser autre chose que l’apatite, avant jeudi. «Je suis totalement surpris, ça fait de 4 à 5 mois que je n’ai pas eu de contact avec eux. S’ils veulent [Mine Arnaud] mettre la magnétite en valeur, il faudra s’assurer que tous les éléments sont là pour protéger la santé de la population et préserver l’environnement, et ce, avant les intérêts économiques», a affirmé Serge Lévesque qui se dit «très alerte» face au projet.

La mine de Mine Arnaud, dont l’exploitation pourrait débuter dès 2013, se traduirait par des investissements 750 millions $ et la création de 200 emplois permanents. L’étude de faisabilité du projet devrait être ficelée en novembre. Les partenaires de Mine Arnaud sont Investissement Québec et la Norvégienne Yara International ASA.

Le porte-parole du Regroupement citoyen pour la Sauvegarde de la grande Baie de Sept-Îles, Louise Gagnon, espère qu’un projet global sera présenté devant le Bureau des audiences publiques sur l’environnement.

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