Rencontre entre les Innus et Québec: Mise en place de «mécanismes plus formels» de discussions

Par Fanny Lévesque 23 juillet 2015
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Québec a convenu de mettre en place des «mécanismes plus formels» entre l’État et la Nation innue pour «trouver des solutions aux litiges», ont fait savoir les ministres Geoffrey Kelley et Pierre Arcand, au sortir de la rencontre mercredi avec les chefs autochtones. 

«Nous avons eu de très bonnes discussions, a commenté le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, au terme de la rencontre qui aura duré plus de cinq heures. Nous avons convenu de travailler à améliorer le dialogue avec cette communauté (Nutashkuan), mais aussi l’ensemble de la nation (innue)», a-t-il poursuivi.

Québec explique ainsi la création de comités «à deux niveaux» qui permettra dans un premier temps de s’intéresser aux enjeux soulevés la semaine dernière par la bande de Nutashkuan, qui a bloqué pendant trois jours le chemin d’accès menant au chantier Romaine. «Il y a aura aussi une discussion plus en profondeur avec les communautés qui ne sont pas dans le processus de traité», a ajouté M. Kelley.

Pour l’heure, seules trois (Nutashkuan, Mashteuiatsh et Essipit) des neuf communautés innues négocient un traité de nation à nation avec l’État québécois.

«Dans la bonne direction»

Les ministres Kelley et Arcand assurent que du «progrès» a été fait lors de la rencontre, qui a réuni une trentaine de représentants de la nation innue, d’Hydro-Québec et du gouvernement. Les questions de la préservation du saumon, du taux de mercure élevé dans certaines rivières, de l’embauche de la main-d’œuvre autochtone et l’octroi de contrats de déboisement à la communauté ont été soulevées, assurent-ils.

«On avance dans la bonne direction, au moins, il y a du progrès», a indiqué le ministre responsable de la Côte-Nord, Pierre Arcand. «Si tout le monde y met du sien et surtout, s’il y a un lien de confiance, les choses vont aller bien», a-t-il rajouté.

D’autres discussions doivent avoir lieu dès la semaine prochaine. Le président d’Hydro-Québec devrait aussi se rendre rencontrer les chefs autochtones innus, a assuré le ministre Kelley. «Le dialogue va se poursuivre durant les prochaines semaines et mois parce qu’ils (les nations) ont un nombre assez important d’enjeux», a-t-il affirmé.

La semaine dernière, les Innus de Nutashkuan ont levé leurs barricades après un entretien téléphonique avec le premier ministre, Philippe Couillard. Les manifestants dénoncent qu’Hydro-Québec ne respecte pas l’entente conclue en 2008 avec la communauté, avant le démarrage du chantier de La Romaine, qui en plus mettrait en péril l’environnement.

La communauté de Nutashkuan réagit 

Jeudi en fin de journée, la communauté de Nutashkuan a finalement réagi à la rencontre de mercredi. Le chef Rodrigue Wapistan dit être satisfait mais demeure prudent en rappelant que «le lien de confiance» avec Québec est «fragile» et reste «à reconstruire».

«Il reste encore beaucoup de chemin à faire, cependant nous avons fait un pas en avant. Je tiens à remercier la population de la Minganie pour son appui, et à saluer les membres de la Nation innue qui se sont mobilisés pour défendre nos droits sur notre territoire ancestral», a déclaré le Chef Wapistan, dans un communiqué.

Selon lui, les Innus ont su démontrer «la force et la solidarité» de leur nation. Les chefs n’accorderont pas d’entrevue avant une sortie publique commune prévue au début du mois d’août, a fait savoir le cabinet NATIONAL, responsable des relations publiques pour la communauté.

Un facilitateur doit être nommé d’ici le 15 septembre pour être responsable des nouvelles tables de discussions.


(Photo: Optik 360)

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