Un train à l’hydrogène sur la Côte-Nord

Par Vincent Rioux-Berrouard 12:45 PM - 26 juillet 2024
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Tugliq Énergie souhaite concevoir un train à hydrogène pour assurer le transport des marchandises dans le secteur minier, sur la Côte-Nord. Photo courtoisie

L’option de voir le transport ferroviaire être alimenté par l’hydrogène peut sembler intéressante, mais selon un expert, elle représentera sa part de défis à Sept-Îles.

L’entreprise Tugliq Énergie souhaite concevoir, à Sept-Îles, un train fonctionnant à l’hydrogène, révélait La Presse, la semaine dernière. Il permettrait de transporter les marchandises dans le secteur minier. 

Cette idée s’inscrit dans un contexte où on tente de décarboner le secteur des transports. Pour le transport léger, comme les automobiles, l’électrification est la solution. Toutefois pour le transport lourd, comme les avions, trains et navires, l’électrification n’est pas une solution possible.

« Il faut chercher d’autres solutions et l’hydrogène semble être prometteuse pour le transport lourd. C’est probablement la seule option qu’il y a à l’horizon », précise Alain Aoun, gestionnaire au Centre de recherche et d’innovation en intelligence énergétique (CR2IE) du Cégep de Sept-Îles. « L’hydrogène, on parle d’une technologie propre qui ne pollue pas et qui n’émet pas de CO2 », affirme-t-il. 

Toutefois, cette technologie reste à développer. L’un des défis pour un tel projet sera de produire l’hydrogène elle-même. Actuellement, la production d’hydrogène est extrêmement énergivore.

« En moyenne, pour produire 33 kilowattheures d’hydrogène, tu as besoin de 50 kilowattheures d’électricité », affirme M. Aoun.

Dans un contexte où Hydro-Québec fournit très peu de blocs énergétiques, la question se pose à savoir comment l’hydrogène sera produit. De l’autoproduction avec de l’éolien ou du solaire pourrait être envisagée.

Un train fonctionnant à l’hydrogène a été testé l’an dernier, pour assurer la liaison entre Québec et Charlevoix. Parcontre, c’était un train de passagers et non de marchandises.

Il y a une différence entre les deux types. Dans le monde minier, les trains peuvent parfois avoir près de deux cents wagons, avec une charge très lourde à faire circuler.

« Cela veut donc dire qu’on aura besoin d’une plus grande quantité d’hydrogène pour faire fonctionner le train », dit Alain Aoun.

Un autre défi qui sera à relever sur la Côte-Nord concerne le climat. Lorsqu’il y a des températures qui avoisinent le -30 degrés Celsius, cela peut affecter l’efficacité des piles à combustible à hydrogène.

En résumé, M. Aoun indique qu’il s’agit d’un projet qui est réalisable, mais que la rentabilité semble difficile à atteindre. Il affirme cependant qu’il y a actuellement une course mondiale pour développer les technologies de transport fonctionnant à l’hydrogène. Beaucoup de recherches et de projets pilotes devront être réalisés, afin de parvenir à développer et maîtriser cette technologie.

Un accueil positif

Cette possibilité d’avoir un train fonctionnant à l’hydrogène est bien accueillie par Développement économique Sept-Îles (DESI).

« Le transport lourd est un excellent secteur pour travailler sur la décarbonation de l’économie. Le transport ferroviaire s’impose, si on veut faire des gains en termes de décarbonation », affirme le directeur général de DESI, Paul Lavoie. « C’est certain que si la méthode que propose Tugliq s’avère profitable et bonne, je pense que ça peut être bon comme projet », ajoute-t-il.

L’idée est aussi vue d’un bon œil par l’association Hydrogène Québec.

« Cela peut contribuer à décarboner l’économie québécoise par l’utilisation de l’hydrogène. On est impatient d’en savoir davantage. On va suivre le projet de près », commente Steven Blaney, président-directeur général d’Hydrogène Québec.

Il met aussi de l’avant les compétences de Tugliq Énergie, qui ont plusieurs réalisations dans le Nord québécois, ainsi que l’expérience avec l’hydrogène.