Séjour d’une semaine à Ekuanitshit pour une classe de l’UdeM

Par Jacob Buisson 12:00 PM - 26 juillet 2024 Initiative de journalisme local
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Photo Courtoisie

La classe d’innu-aimun et leur enseignante, Yvette Mollen.

Dans le cadre d’un cours de culture innue, une classe de l’Université de Montréal (UdeM) s’est rendue à Ekuanitshit du 8 au 12 juillet. C’était la première édition de ce séjour organisé par une enseignante originaire de la communauté. 

Les 14 collègues de classe ont pu s’immerger dans la culture innue avec au moins une activité chaque jour. L’équipe hétérogène est liée par son intérêt pour la culture innue, selon Audrey Givern-Héroux, étudiante.

« C’est des gens qui viennent de plein de milieux différents. Il y en a certains qui travaillent en communauté, d’autres qui étudient à la maitrise dans différents domaines », dont l’histoire, et la géographie, relate-t-elle.

Mme Givern-Héroux a elle-même un parcours atypique. Elle enseigne la littérature au cégep de Baie-Comeau et s’intéresse à la littérature autochtone. Elle veut montrer les cultures locales à ses classes, dont celle des Innus, très liée au territoire. 

L’étudiante a eu un coup de cœur pour la Maison de la culture innue de Ekuanitshit.

« C’est un musée extraordinaire pour les visiteurs sur la Côte-Nord. Je n’en reviens pas de ne jamais y être allé avant », souligne-t-elle. Rita Mestokosho, la poétesse innue, y a animé un cercle de partage.

La classe a aussi visité la maison des jeunes, l’église et l’île Quarry dans l’archipel de Mingan.

« Je n’avais jamais réalisé que c’était des îles qui étaient et qui sont encore fréquentées pour le ressourcement et la cueillette », mentionne Audrey Givern-Héroux. 

Ça a été beaucoup d’organisation pour la professeure Yvette Mollen, originaire de la communauté.

« On a eu quatre personnes qui collaborent juste pour l’activité d’aujourd’hui », ça fait beaucoup de gestion, explique-t-elle. Mme Givern-Héroux fait valoir l’implication de sa professeure : « on est extrêmement chanceux de vivre ça. Et de penser qu’Yvette a organisé tout ça parce qu’elle voulait nous faire découvrir la culture et la vie en communauté, on est vraiment reconnaissants ».

Les étudiants apprennent à monter une tente innue. Photo Judith Morency

Pratiquer l’innu-aimun

C’était une occasion pour les étudiants et étudiantes d’expérimenter l’innu-aimun dans un contexte réel. Ils sont à leur dernier cours du microprogramme en langues et culture innue. Ils ont eu quatre cours d’innu-aimun en ligne et un cours de culture. Le groupe s’est promené dans les rues de la communauté et ont pu pratiquer les présentations. « On peut comprendre beaucoup de mots, mais au niveau des phrases on est encore au stade des présentations et de ce qu’on veut manger », raconte Mme Givern-Héroux. Son enseignante, Yvette Mollen, trouve que la classe se débrouille très bien dans la langue des Innus. 

La prochaine étape pour améliorer son niveau d’innu-aimun ? Il faut parler la langue et la lire. Au moins deux poétesses innues écrivent des recueils bilingues, Joséphine Bacon et Rita Mestokosho. Les apprenants qui manquent d’interaction en langue innue au quotidien peuvent pratiquer avec les jeux de l’Institut Tshakapesh et du dictionnaire innu-aimun. 

Le riche savoir des aînés

En petites équipes, la classe doit étudier un aspect de la culture innue dans le cadre de leur cours. Un groupe s’intéresse aux plantes médicinales et un autre se concentre sur la nourriture traditionnelle. Ces deux équipes ont parlé avec une aînée qui parle seulement innu-aimun.

Selon Mme Mollen, les Innus aiment partager leur culture et ils ont bien accueilli sa classe. Ça a été une expérience tellement appréciée qu’elle prévoit refaire le séjour tous les deux ans.