Des médicaments contre le cancer du sein pourraient combattre celui de la prostate
Photo Gerry Broome/La Presse Canadienne
Des médicaments déjà utilisés pour combattre le cancer du sein pourraient être utilisés pour affronter celui de la prostate, a constaté un chercheur de l’Université Laval.
Traditionnellement, a dit le professeur Étienne Audet-Walsh, le cancer de la prostate est étudié en relation avec la signalisation des androgènes, qui sont les hormones traditionnellement mâles.
«Mais nous avons voulu voir si la signalisation aux estrogènes était aussi importante dans le contexte du cancer de la prostate», a ajouté le professeur Audet-Walsh, du département de médecine moléculaire de la faculté de médecine de l’université québécoise.
Le professeur Audet-Walsh et ses collègues ont donc étudié 280 tumeurs de la prostate conservées dans des biobanques de l’Université Laval. Ils ont constaté que la moitié d’entre elles présentaient des récepteurs des estrogènes.
Les chercheurs ont ensuite découvert, en analysant le dossier médical des patients, que l’abondance de ces récepteurs était liée au risque de récidive du cancer, à sa progression, à la formation de métastases et à la survie des patients.
Des études menées en laboratoire ont ensuite renforcé cette piste, en démontrant que les estrogènes, quand ils se lient aux récepteurs, stimulent des mécanismes cellulaires liés au métabolisme et à la croissance des cellules cancéreuses de la prostate.
«La signalisation œstrogénique va en fait favoriser la croissance ou la prolifération aberrante des cellules tumorales, notamment en leur permettant d’avoir un métabolisme plus actif», a précisé le professeur Audet-Walsh.
À l’inverse, a-t-on expliqué, les médicaments qui bloquent les récepteurs des estrogènes réduisent la prolifération et la croissance des tumeurs de la prostate.
Chez la vaste majorité des hommes qui sont frappés par un cancer de la prostate, la maladie progresse en réponse aux androgènes, ce qui explique pourquoi les traitements qui ciblent ces hormones font partie des interventions régulièrement utilisées pour traiter ce cancer.
Toutefois, l’efficacité de ces traitements tend à s’estomper avec le temps, d’où la nécessité de trouver de nouvelles armes.
«Les résultats qu’on a eus dans les modèles précliniques, c’est que lorsqu’on utilise les anti-estrogènes pour bloquer cette signalisation œstrogénique, ça permet de ralentir la prolifération de nos différents modèles précliniques, ce qui suggère en fait que les patients qui testent positif aux récepteurs aux estrogènes pourraient bénéficier de ces thérapies», a expliqué le professeur Audet-Walsh.
La découverte est d’autant plus prometteuse que ces molécules anti-estrogènes sont déjà bien connues et utilisées chez la femme face au cancer du sein. Il pourrait donc être relativement simple de les transférer aux hommes pour combattre le cancer de la prostate.
«Si nos travaux se traduisent par des études cliniques positives, ça va permettre de développer une toute nouvelle approche pour cibler le cancer de la prostate en visant la signalisation œstrogénique, ce qui représenterait une grande avancée pour les patients», a conclu le professeur Audet-Walsh.
Le nombre de nouveaux cas de cancer de la prostate dépistés chaque année atteint environ 7000 au Québec et 1,4 million dans le monde.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par The Journal of Clinical Investigation.
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