La naloxone « n’est pas un luxe » sur la Côte-Nord

Par Marie-Eve Poulin 12:00 PM - 24 avril 2024
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Trousse de naloxone, vaporisateur et injectable.

La naloxone, médicament qui sert d’antidote dans le cas de surdose d’opioïdes, « n’est pas un luxe » sur la Côte-Nord, selon la direction du Centre d’intervention le Rond-Point de Sept-Îles. Les trousses s’envolent comme de petits pains chauds. 

La direction du Centre d’intervention le Rond-Point rapporte que depuis huit mois, les trousses de naloxones passent particulièrement vite. Plus précisément, depuis la formation présentée par PROFAN (Prévenir et Réduire les Overdoses – Former et Accéder à la Naloxone) en novembre 2023. Environ une quarantaine de trousses ont été distribuées avant mars 2024 à des secouristes, des consommateurs de drogues et des proches aidants. 

La naloxone est un médicament à action rapide qui renverse temporairement les effets d’une surdose d’opioïdes. Elle peut rétablir la respiration en l’espace de deux à trois minutes. Le médicament qui peut être injecté dans un muscle ou vaporisé dans les voies nasales agit notamment sur les surdoses de fentanyl, d’héroïne, de morphine et de codéine. Toutefois, l’effet ne dure que de 20 à 90 minutes, donc une seconde dose pourrait être nécessaire, puisque les opioïdes ont une durée d’action plus longue que le médicament.

La crise des opioïdes est présente sur la Côte-Nord comme ailleurs dans la province.

« Quand je parle à nos différents partenaires, urgence, hôpitaux, ce que j’en comprends, c’est que oui même sur la Côte-Nord ça fait mal actuellement », dit Marie-Eve Normand. « Faire de la prévention et rendre accessible la naloxone ce n’est vraiment pas un luxe. »

Selon le CISSS de la Côte-Nord, au cours des cinq dernières années, 72 visites dans une urgence de la Côte-Nord étaient pour une possible intoxication causée par des opioïdes. On parle d’un peu plus de 20 décès confirmés aux drogues ou aux opioïdes de 2019 jusqu’au 16 octobre 2023. 

Des bars de Sept-Îles ont demandé les services de la travailleuse de rue du Rond-Point. Celle-ci est présente dans les bars si les gens souhaitent bénéficier de ses services. Elle apporte des trousses de naloxone en cas de besoin.  

Chez les jeunes

La co-directrice du Rond-Point mentionne qu’il y a eu des surdoses même chez des adolescents. « Même chez les jeunes, ça devient quelque chose de problématique », dit Mme Normand. « Ça joue fort. »

En tant que professionnelle, elle dit ne pas en entendre nécessairement parler, mais les histoires rapportées par les jeunes de son entourage n’ont rien de rassurant. Elle fait entre autres mention de l’événement survenu au cinéma lors de la sortie du film Bob Marley. Des jeunes fortement intoxiqués avaient consommé à l’intérieur, « se sont vomi la vie » et l’intervention des policiers a été nécessaire. 

Marie-Eve Normand est bien heureuse d’avoir obtenu deux subventions d’environ 30 000 $ chacune. Une des enveloppes servira à la prévention des surdoses chez les jeunes et l’autre à la prévention des méfaits.

Du côté du Centre de services scolaire (CSS) du Fer, le directeur Richard Poirier affirme que présentement les écoles ne tiennent pas de trousse de naloxone. Cependant, cette possibilité est en analyse en collaboration avec les infirmières scolaires, en concertation avec les directions. 

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