(PHOTOS) L’ancien premier ministre Mulroney a eu droit à des funérailles touchantes

Par Coralie Laplante, La Presse Canadienne 3:02 PM - 23 mars 2024
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La famille immédiate regarde les porteurs de la GRC transporter le cercueil vers un corbillard à la fin des funérailles de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, à Montréal, le samedi 23 mars 2024. Photo Sean Kilpatrick/La Presse Canadienne

Des témoignages touchants en la mémoire du 18e premier ministre du Canada, Brian Mulroney, se sont succédé samedi lors de la cérémonie en sa mémoire à la basilique Notre-Dame de Montréal.

Les funérailles d’État ont débuté sur le coup de 11h, par un discours de l’archevêque de Montréal, Christian Lépine, et une prestation de l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) et du chœur de l’OSM, dirigés par le chef d’orchestre Rafael Payare. 

La fille du défunt, Caroline Mulroney, a livré un hommage émotif à son père. Celle qui est ministre des Affaires francophones de l’Ontario s’est diteprivilégiée d’avoir pu bénéficier des conseils politiques de son père. 

«La vie est courte, me répétait-il souvent, mais notre héritage perdure», a-t-elle raconté. Elle a également abordé l’importance du Québec pour M. Mulroney.  

«Je n’étonnerais personne en disant qu’il avait le Canada dans la peau. Mais sa conception du fédéralisme canadien était plurielle. Le caractère distinct du Québec était pour lui source d’unité, a-t-elle affirmé. Le Québec, c’était chez lui.»

Mme Mulroney a aussi dépeint un père et un grand-père attentionné, pour qui la famille était très importante, et un homme fidèle à ses amis. 

«Nous avons le cœur brisé par cette perte, tu me manques, papa», a-t-elle conclu, en anglais, peinant à retenir ses larmes. 

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a ensuite pris la parole, soulignant que la dernière fois qu’il avait parlé à la basilique, il s’agissait des funérailles de son propre père. 

«Pour tout le monde, Brian Mulroney, c’était monsieur le premier ministre. Mais pour vous, c’était papa», a-t-il dit, s’adressant d’abord aux enfants du défunt, et à sa femme, Mila Mulroney. 

Il a salué les grandes réalisations de l’ancien premier ministre, dont son travail pour réparer le trou dans la couche d’ozone etsa lutte contre les pluies acides.

«Aujourd’hui, c’est la fin de la soirée d’un géant, mais on va toujours se souvenir que, grand danseur et chorégraphe, il a tracé la voie des générations à venir», a-t-il déclaré. 

Le président de Québecor, Pierre Karl Péladeau ainsi que l’ancien entraîneur et joueur de hockey Wayne Gretzky ont aussi pris la parole lors de la cérémonie. L’ancien premier ministre du Québec et ministre de M. Mulroney, Jean Charest, a prononcé un discours, tout comme un ancien secrétaire adjoint au commerce pour le développement du commerce, Timothy J. McBride, qui a lu un texte au nom l’ancien secrétaire d’État des États-Unis, James A. Baker, qui n’a pas pu se rendre à la cérémonie. 

La petite fille de Brian Mulroney, Theodora Lapham, a ému l’assistance en interprétant «Mais qu’est-ce que j’ai?» d’Édith Piaf. 

«Je vais chanter la chanson préférée de mon grand-père», a-t-elle affirmé avant d’entamer sa prestation, combattant ses larmes. L’assistance l’a chaudement applaudie. 

Elle a ensuite été rejointe par le ténor Marc Hervieux pour chanter «When Irish Eyes Are Smiling», une chanson que M. Mulroney avait déjà interprétée avec l’ancien président des États-Unis Ronald Reagan, lors d’une rencontre à Québec.  

Les fils du défunt, Ben, Mark et Nicolas Mulroney, ont effectué une lecture religieuse vers la fin de la cérémonie.

Avant la sortie du cercueil, l’hymne national a été interprété par l’OSM. Le cortège funèbre s’est ensuite chargé de déplacer le cercueil, au son de la chanson «We’ll Meet Again», dont l’air optimiste terminait la cérémonie sur une touche d’espoir. 

Le son de 19 coups de canon a marqué la fin des funérailles d’État. La famille tiendra un enterrement privé à Montréal.

Une pluie d’hommages

Un cortège funèbre, qui comprenait une escorte à cheval et des porteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), une garde d’honneur des Forces armées canadiennes et la Musique de l’Aviation royale canadienne, accompagné de la famille de M. Mulroney, a transporté le cercueil du défunt jusqu’à la basilique. 

Le cercueil de l’ancien premier ministre était exposé en chapelle ardente à la basilique de Saint-Patrick, depuis jeudi. 

En matinée, les invités arrivaient progressivement à la basilique Notre-Dame, sous la neige qui continuait de s’abattre sur la métropole. 

Plusieurs personnes qui ont connu le politicien se sont adressées aux médias en amont de la cérémonie. 

Le premier ministre du Québec, François Legault, a souligné le départ d’un homme «tellement gentil». 

«Quand j’entends le nom Brian Mulroney, je pense tout de suite à l’économie. C’est extraordinaire ce qu’il a réussi à faire avec Ronald Reagan, de signer l’accord de libre-échange avec les États-Unis», a souligné M. Legault. 

Le ministre des Finances, Eric Girard, s’est dit privilégié d’avoir connu M. Mulroney. «J’espère lui faire honneur dans mon service public, j’ai pu bénéficier de (ses) conseils», a-t-il déclaré. 

«C’était plus qu’un ami, je l’ai appuyé tout le temps, a pour sa partaffirmé l’ancien défenseur et directeur général des Canadiens de Montréal, Serge Savard. Il a eu le courage de prendre des décisions, de faire des choses qu’il savait qui seraient impopulaires, il savait qu’il y a certaines décisions qu’il a prises qui ont déchiré le pays, comme le lac Meech.»

Des centaines de personnes ont assisté aux funérailles, dont de nombreux dignitaires et des personnalités du monde des affaires, des médias et du sport. 

Parmi les dignitaires internationaux, la duchesse d’York Sarah Ferguson et l’ancien premier ministre du Royaume-Uni John Major ont confirmé leur présence.  

Les premiers ministres provinciaux et les anciens premiers ministres fédéraux Joe Clark, Jean Chrétien, Stephen Harper et les anciens premiers ministres québécois Philippe Couillard, Lucien Bouchard, Pauline Marois et Pierre Marc Johnson, étaient aussi présents aux funérailles. 

Plusieurs fermetures de ruesétaient en vigueurdans les environs de la basilique. La circulation était notamment interdite dans le quadrilatère compris entre les rues Saint-Antoine Ouest, Saint-Paul Ouest et Saint-Pierre ainsi que le boulevard Saint-Laurent, jusqu’à 16h. D’autres rues ont aussi été fermées pour le passage du cortège funèbre.

Un héritage important pour le Canada

Les funérailles ont fait suite à quatre jours d’hommages publics à Montréal et à Ottawa au cours desquels des dignitaires politiques et des membres du public se sont rendus près du cercueil de M. Mulroney et ont rendu hommage à son épouse et à ses quatre enfants.

Les fils de M. Mulroney avaient dit espérer que les funérailles ne seront pas seulement une triste occasion, mais aussi une occasion de célébrer la vie de leur père avec une «fête» comprenant de la musique, des rires et des histoires drôles.

Brian Mulroney est décédé le 29 février à l’âge de 84 ans. Il a été premier ministre pendant neuf ans entre 1984 et 1993 et a dirigé le Parti progressiste-conservateur du Canada.   

Brian Mulroney a laissé derrière lui un important héritage qui comprend l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, l’accord sur les pluies acides de 1991 et l’introduction de la taxe sur les produits et services (TPS).   

On rappelle souvent également sa tentative de voir réintégrer «dans l’honneur et l’enthousiasme» le Québec dans la Constitution canadienne. 

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