Long délai de prise en charge pour Agir tôt

Par Marie-Eve Poulin 5:00 AM - 24 novembre 2023
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Le programme Agir tôt vise à cibler rapidement les difficultés de développement chez les enfants. Photo iStock

Un programme mis en place pour identifier rapidement les potentiels problèmes de développement chez les 0-5 ans et éviter que les difficultés ne les suivent à l’âge scolaire est lui-même affecté par une immense liste d’attente, qui retarde la prise en charge.

Agir tôt, un programme implanté en 2021, s’adresse aux enfants de 0 à 7 ans et à leur famille. Il vise à cibler rapidement les difficultés de développement, puis à orienter les enfants vers les bonnes ressources, pour permettre de développer leur plein potentiel. Offert sur une base volontaire, le programme a aussi pour objectif de faciliter l’entrée à la maternelle.

Toutefois, les longues listes d’attente causées par le manque de main-d’œuvre ne permettent pas toujours une prise en charge rapide, soit la raison d’être en soi du programme.

Impacts 

Puisque chaque enfant est différent, l’impact du délai de prise en charge diffère selon le profil de celui-ci. 

« En général, quand un enfant a des retards de développement, les délais peuvent accentuer certains retards, mais encore là, cela dépend de l’enfant, de son environnement, de son réseau, etc. », explique Pascal Paradis, responsable des communications au CISSS. 

« On a déjà vu des enfants reprendre leur retard, d’autres stagner et certains se dégrader, à la suite de délais », poursuit-il. 

Toutefois, il précise que les parents des enfants en attente de prise en charge ont reçu des recommandations et outils de la part d’intervenants, en attendant le début des services. 

De plus, si la situation change, les parents peuvent contacter le CISSS afin de revoir la priorité d’accès. 

Stimulation du langage

Dans la région, six orthophonistes travaillent sur Agir tôt. Trois sont à Sept-Îles, deux à Baie-Comeau et une en Haute-Côte-Nord. Ils desservent aussi d’autres types de clientèle. 

Le délai moyen d’attente est de 394 jours pour la Côte-Nord. Il y a présentement 452 enfants de 0 à 5 ans en attente de services. 

On compte aussi l’équivalent de 7,3 postes d’éducatrices pour Agir tôt, qui ont des mandats de stimulation du langage et du développement global des enfants.

À Sept-Îles, 20 enfants attendent leur place avec une éducatrice spécialisée pour le programme Agir tôt et le délai est d’environ 69 jours.

Pour Baie-Comeau, seulement six enfants sont sur la liste, mais le délai est de 102 jours.

Ergothérapie

Au total, cinq ergothérapeutes sont disponibles pour la clientèle Agir tôt, soit deux à Sept-Îles, un à Baie-Comeau, un en Haute-Côte-Nord et un en Minganie. 

Le délai moyen d’attente varie de 112 jours pour les 33 enfants sur la liste de Manicouagan à 626 jours pour les 136 enfants sur la liste de Sept-Îles. 

Au Québec

Au provincial, de délai moyen d’attente pour tout service confondu est de 177,7 jours. Ce délai n’inclut pas les enfants qui ont bénéficié des services en centre de réadaptation.

Pour l’année en cours soit 2023-2024, en date du 14 novembre on dénombre 39 336 enfants ayant reçu un service en CLSC au Québec. Il est toutefois impossible de déterminer le nombre d’enfants qui sont en attente de services. 

Au cours des dernières semaines, on mettait en lumière que le développement des enfants nord-côtiers fait piètre figure au Québec, chez les moins de cinq ans, selon une récente enquête du gouvernement.

L’Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (EQDEM) révèle que la Côte-Nord se classe au deuxième rang au Québec, concernant les enfants vulnérables, dans au moins un domaine de leur développement.

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