60 % de la récolte de fraises perdue

Par Émélie Bernier 6:00 AM - 15 août 2023 Initiative de journalisme local
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Josée Picard, des Jardins de Gallix, dans un champ dévasté. Courtoisie

Il n’y a pas que vos vacances qui ont été bien arrosées. Les champs des agriculteurs aussi. Un mot clé revient dans la bouche des cultivateurs : résilience. Mais celle-ci a quand même des limites.

Feux de forêt, sécheresse printanière, pluie abondante et récurrente depuis juillet, les conditions ne sont pas faciles pour les producteurs agricoles de la Côte-Nord cet été. Aux Jardins de Gallix, près de Sept-Îles, la propriétaire Josée Picard croise les doigts pour que cesse la pluie. Mais les dommages sont déjà importants.

« Dans les fraises, c’est désastreux ! J’ai perdu 60 % de ma récolte dans le champ. Elles ont pourri sur place », indique-t-elle.

Les fraises ont pourri sur les plants. Courtoisie

En 2022, Mme Picard avait écoulé 2288 paniers de 4 litres. En 2023, elle a en vendu 874 « de peine et de misère ». « Sans compter que nous n’avons pas pu vendre en épicerie des paniers de 1 litre. On en avait vendu1600 en 2022 », ajoute-t-elle.

De son propre aveu, les fraises ne sont jamais une production très payante.

« C’est mon petit boulet que je traine tout le temps. Quand j’ai une année rentable dans les fraises, je suis contente ! », dit-elle.

Cette année en sera une de « ceinture serrée », pour celle qui a récemment investi un important montant pour chauffer ses serres. Ces mêmes serres qui lui permettent de tirer à peu près son épingle du jeu. « Heureusement que j’ai investi, parce que j’ai même chauffé en juillet ! La pluie, peu de soleil, ça crée des conditions où, si ce n’est pas chauffé, la moisissure se met de la partie et ça peut sérieusement hypothéquer la récolte ! »

La pluie n’a donné aucune chance aux champs.

Des concombres et des tomates poussent dans les bâtiments, en plus des fleurs annuelles au printemps, alors qu’aux champs des Jardins de Gallix, on trouve des camerises, des amélanches, des framboises, des bleuets et quelques cultures maraîchères. La récolte des petits fruits n’est pas optimale en cette saison où la pluie est un motif récurrent.

« Par exemple, les amélanches qu’on cueille en ce moment sont gorgées d’eau ! Le fruit fend, c’est juste bon pour la transformation. Normalement, je devrais la cueillir sèche, quand il fait beau, mais là, je n’ai pas le choix de la ramasser mouillée et le fruit est moins belle qualité ! », explique Mme Picard.

La gestion des récoltes est souvent un casse-tête. « À la pluie battante, je ne peux pas envoyer du monde dans le champ, mais ce qui est mûr, je dois le ramasser, parce que le temps est compté ! » 

Elle souhaite que les prochaines semaines soient un peu moins humides et davantage clémentes. « Ça prend un équilibre. Oui, on a besoin de la pluie, mais là, c’est trop ! »

Josée Picard vit exclusivement des revenus de sa ferme et elle embauche une dizaine de personnes, dont quatre travailleurs étrangers temporaires. La variété de cultures des Jardins de Gallix lui permettra de sauver sa saison, ne serait-ce que par la peau des dents.

« Le fait d’avoir plusieurs productions est nécessaire, surtout ici sur la Côte-Nord. Je ne pourrais pas prendre le risque d’avoir une monoculture », conclut-elle.

La nature a toujours raison

Luc Turcotte et Mélody d’Anjou, les producteurs maraîchers derrière Le Végétarien, ont appris depuis belle lurette à composer avec les aléas de mère Nature.

« Les précipitations sont un parmi tant de facteurs qui influencent en bien ou en mal les cultures. Il va toujours y avoir de bonnes et de moins bonnes années, la pluie tout comme le soleil peuvent être bénéfiques comme nuisibles, c’est différent d’un légume à l’autre », commentent-ils.

Ils réussiront à tirer leur épingle du jeu cet été. « On ne se plaint pas, nos récoltes sont bonnes et le jardin se porte bien. Ce n’est pas parfait, mais on est globalement satisfait de notre saison. » 

La résilience est un terme qui revient dans la bouche de plusieurs producteurs. « En agriculture, il faut faire preuve de résilience, parce que c’est toujours dame nature qui aura le dernier mot, peu importe les efforts qu’on peut mettre », estiment Luc Turcotte et Mélody d’Anjou.

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