Les élus impuissants face à la dangerosité de la 138

Par Marie-Eve Poulin 6:00 AM - 4 mai 2023
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La route 138, juste après l’entrée de la rue Retty à Sept-Îles. Photo Emy-Jane Déry

Conscients de la dangerosité de la route 138, particulièrement à la hauteur des Plages et de Moisie, les élus de Sept-Îles se disent impuissants et sont peu optimistes face à l’inaction du MTQ dans le dossier. 

Des accidents routiers se produisent régulièrement entre Sept-Îles et Moisie. La route 138 relève du ministère des Transports (MTQ), mais les élus municipaux ont entrepris des démarches, dans l’espoir qu’elle soit rendue plus sécuritaire.

Mais en toute transparence, ils admettent craindre que ces efforts n’aboutissent pas aux changements souhaités. 

Carole Gaudreault, conseillère du district Moisie-Les Plages, annonçait en février qu’elle ressentait la responsabilité de faire changer les choses. Elle mentionnait vouloir plancher sur le dossier, même si ce n’est pas du ressort de la Ville.

Toutefois, lors de la rencontre citoyenne organisée au centre communautaire Ferguson la semaine dernière, elle a changé de discours et a exprimé son impuissance face à la situation. 

Mme Gaudreault a réitéré, en mettant l’emphase sur ce point, que la route 138 appartient au MTQ et « qu’elle ne peut rien faire seule ». 

« En tant qu’élue, à part que de lever la main et dire “monsieur madame, est-ce qu’on pourrait faire corriger notre route” (…) ça ne donnera absolument rien », a-t-elle dit. 

« Les personnes qui vont faire bouger les choses, ce sont les citoyens. Ça prend une mobilisation de la population. »

Démarches

« C’est le MTQ qui décide si un site est accidentogène et parfois, ça prend du temps avoir des réponses », a dit le maire, Steeve Beaupré.

Les élus doivent monter un dossier, demander des statistiques au MTQ et à la Sûreté du Québec, parler avec les citoyens, en discuter avec le milieu politique, recevoir une pétition, mais après toutes ces démarches, au final, c’est le MTQ qui tranche. 

« Si le MTQ décide pour x raisons que c’est une route non accidentogène, bien on se sent très très impuissants », a-t-il admis, dans un soupir de découragement. 

Pour le moment, Mme Gaudreault a mis la main sur des statistiques concernant des accidents et des incidents survenus dans le secteur, au cours des dernières années, a-t-elle révélé durant la rencontre citoyenne. Elle a mentionné devoir extraire les données concernant le secteur en question, soulignant que « cela demandera beaucoup de travail ». 

Le Journal a tenté à maintes reprises de rejoindre la conseillère pour en apprendre davantage sur ses démarches, mais elle n’a pas retourné nos appels.

Pas de reconfiguration

Rejean Lebel, un citoyen présent à la rencontre du district avec les élus, a fait part de ses craintes concernant la route. Il a soulevé le danger présent « lorsqu’il pleut et que l’eau s’accumule sur la chaussée ». Il a aussi affirmé « avoir peur que le MTQ décide de seulement repaver la même route qu’il juge dangereuse, sans le moindre changement de configuration ». 

En réponse aux inquiétudes du citoyen, le maire de Sept-Îles ne s’est pas montré très optimiste. 

« Si le MTQ fait droit aux doléances des citoyens, qu’il analyse les sites accidentogènes et si éventuellement le MTQ se dit “ouin il y a peut-être un problème”, ce que je vois dans ma boule de cristal, c’est qu’il n’y aura même pas de reconfiguration », a-t-il dit. « Ils vont décalotter complètement l’asphalte, l’arracher, la recompacter et ce sera un resurfaçage au même endroit », a-t-il affirmé.

« On pense que la reconfiguration ne fait même pas partie de leur projet », a admis le maire. 

Il explique sa supposition en partie à cause de la présence du chemin de fer et du viaduc qui empêcherait le déplacement de la route.

Pétition

Par ailleurs, la conseillère Carole Gaudreault a annoncé qu’une mystérieuse pétition circulera dans tous les dépanneurs du secteur Moisie —Les Plages. C’est que malgré cette annonce, les élus n’étaient pas en mesure de dire qui en est l’instigateur, à quel moment elle sera en circulation, ni les demandes qu’elle contient. 

Le maire a expliqué que le document signé pourrait ensuite être déposé au conseil municipal pour qu’une résolution soit adoptée, afin de transmettre le tout au MTQ et divers ministères, puis ultimement, à l’Assemblée nationale. 

Le directeur général, Patrick Gwilliam, a précisé que les demandes au MTQ doivent maintenant passer en résolution du conseil, avant d’être faites au ministère. 

Aucune plainte au MTQ dans la dernière année

Le ministère des Transports (MTQ) rapporte n’avoir reçu aucune plainte concernant la route 138 secteur des Plages au cours de la dernière année, mais analysera un tronçon de quatre kilomètres. 

Au cours de la dernière année, le ministère n’a reçu aucune plainte d’usager qui souhaitait faire part de son insatisfaction concernant le secteur entre le km 1007 et 1015. 

Seuls des signalements ont été faits. Sept pour des nids-de-poule, un pour de l’accumulation d’eau au km 1008 et quatre pour un accident sur le réseau. 

Le MTQ analysera toutefois l’ensemble du tronçon du km 1004 à 1008, afin de déterminer si l’accident du 5 février 2023 peut avoir des éléments communs aux derniers accidents mortels survenus. 

En lien avec les commentaires du maire de Sept-Îles (voir autre texte), Caroline Rondeau, porte-parole du MTQ, ajoute que la présence d’un chemin de fer et d’un viaduc ne constitue pas un frein à de potentielles modifications à la route, mais que ces éléments devront être considérés par le ministère, le cas échéant. 

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