De l’opposition à la déviation de la 138 à Sheldrake

Par Vincent Rioux-Berrouard 12:00 PM - 15 mars 2023
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Le pont Touzel

Le potentiel projet de déviation de la route 138 pour contourner le village de Sheldrake fait face à de l’opposition.

Dans une missive transmise à la députée de Duplessis, Kateri Champagne Jourdain, l’Association de Développement et de la Protection de la Rivière Sheldrake (ADPRS) exprime ses craintes et fait savoir qu’elle est contre le projet.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) veut déplacer l’axe routier en raison de l’exposition du secteur aux aléas côtiers. De nombreux bris sont survenus et continueront de survenir, ce qui est très onéreux.

L’ADPRS et ses membres craignent la construction d’un pont en amont de la rivière Sheldrake. Ils évoquent de nombreux enjeux sociaux et économiques. Jean-Marc Lagacé est l’un de ses membres.

Il est résident de la municipalité de Rivière-au-Tonnerre depuis plus d’un an. Il estime que ce serait une erreur de retirer le Pont Touzel, la porte d’entrée de la Minganie, et de faire en sorte que la communauté de Sheldrake ne soit plus traversée par la route 138.

« Depuis la COVID, il y a plein de touristes qui passent par Sheldrake et qui s’arrêtent. Si les gens contournent Sheldrake, peut-être qu’ils ne s’arrêteront pas pour venir voir de quoi à l’air le village », explique-t-il.

Craintes environnementales

L’APDRS craint également la construction d’un nouveau pont sur la rivière Sheldrake et les impacts sur la faune.

« La population de saumon de la rivière Sheldrake est vraisemblablement dans un état précaire et nécessite donc des précautions extraordinaires », peut-on lire dans la lettre transmise à la ministre.
Pour contrer les effets de l’érosion dans ce secteur et empêcher le déplacement de la route 138, l’APDRS propose l’élévation de la flèche littorale. Il s’agit du segment de terre entre le pont Touzel et l’entrée du village de Sheldrake.

« Cette approche axée sur le développement durable permettrait de s’attaquer au problème fondamental d’érosion des berges dans le village de Sheldrake, qui ne disparaîtra pas malgré le contournement et la construction d’un nouveau pont », est-il écrit dans la lettre signée par Raynald Touzel, le président de l’ADPRS.

Le conseil municipal de Rivière-au-Tonnerre a d’ailleurs donné son appui à l’Association dans ses démarches, parce qu’il est en désaccord avec la solution du MTQ de contourner le village de Sheldrake.
La municipalité craint notamment le poids financier qui pourrait lui incomber pour entretenir l’ancienne partie de la route 138, dont la responsabilité lui serait transférée.

Nos demandes d’entrevues auprès du maire de Rivière-au-Tonnerre, Jacques Bernier, sont restées sans réponse.

Le projet de contournement

Deux options sont considérées pour dévier la route 138 dans ce secteur. La première consiste en un tracé vers le nord sur 3,3 km qui ne contourne pas le village de Sheldrake. Il viendrait se raccorder à l’extrémité ouest du village. Cette formule nécessiterait la construction d’un pont de 520 mètres de long avec sept piliers en rivière.

L’autre alternative est un tracé vers le nord contournant complètement le village de Sheldrake sur 6,8 km. Un pont d’une longueur de 210 mètres avec quatre piliers en rivière devrait être construit. Le raccordement à la route 138 se ferait à l’est du village par une route de 1 km.

C’est cette option qui est actuellement privilégiée par le ministère.

Les deux options avaient été présentées aux résidents de Rivière-au-Tonnerre lors d’une rencontre d’information en décembre 2021.

Le MTQ est encore aux étapes d’analyse et de consultations pour ce projet. En 2022, le ministère prévoyait que les travaux pourraient s’amorcer dans un horizon de cinq à sept ans.

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