De l’or pour la Côte-Nord

Par Alexandre Caputo 6:00 AM - 23 février 2023 Initiative de journalisme local
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Le Bingo est très lucratif pour la communauté de Uashat mak Mani-utenam et la ville de Sept-Îles.

Non seulement le Bingo organisé par la Radio communautaire CKAU offre à la population des opportunités de se rassembler et d’arrondir les fins de mois, il s’agit également d’une véritable vache à lait pour la communauté de Uashat mak Mani-utenam et la ville de Sept-Îles.

Avec un profit d’environ 2M$ par année, Gilbert Vollant, directeur général de CKAU, confirme que cette tradition est importante pour la région de Sept-Îles toute entière.

« En 2022, c’est environ 550 000$ en dons que nous avons fait à la communauté et à la ville ».

En comparaison, les 18 stations membres de l’Association des radios communautaires du Québec qui présentaient des soirées bingo au Québec en 2021 ont amassé environ 3 millions de dollars en profits, ensemble.

M. Vollant explique que ces dons ont entre autres pu venir en aide aux secteurs de l’Éducation et des Sports et loisirs de Uashat mak Mani-utenam. Des sommes sont aussi libérées lors de décès sur la communauté, pour soutenir les familles dans les paiements nécessaires à la cérémonie et à l’enterrement.

Les dons en provenance du bingo innu dépassent le territoire de la communauté. Des montants ont notamment été octroyés au Club de curling, ainsi qu’à plusieurs événements sportifs septiliens, au cours de la dernière année.

Précisons que les communautés autochtones qui ont préalablement conclu une entente avec le gouvernement peuvent être exemptées de l’obligation d’être licencié pour organiser des soirées bingo.


Le bingo fait vivre la Radio

Il y a de cela une quarantaine d’années, c’était le secteur des Sports et Loisirs de la communauté qui s’en chargeait. Des soirées étaient organisées dans des gymnases d’écoles pour accueillir les participants.

De fil en aiguille, la Radio CKAU a été mise sur pieds et son conseil d’administration, épaulé par le conseil de bande, a jugé opportun d’offrir la chance à la population de pouvoir perpétuer la tradition du bingo dans le confort de leur maison.

Cette initiative a sans aucun doute porté fruit, puisque le jeu de hasard bien aimé des citoyens permet de couvrir l’entièreté des dépenses de CKAU.

« Nous ne recevons aucune subvention », note M. Vollant. « Les employés, l’équipement, même les nouveaux bureaux qui sont en construction sont financés à 100% par le bingo. »


D’un bout à l’autre du Québec

La passion du Bingo est aussi bien présente dans le sud de la province, à Kahnawake notamment, où une salle pouvant accueillir 1 200 personnes est utilisée à cet effet.

Rejoint par téléphone, Ronnie Stacey, le responsable du Bingo mohawk de Kahnawake, n’a pas voulu préciser les revenus qu’engendrent ces soirées pour sa communauté.

Il a toutefois mentionné que le plus gros lot enregistré a été d’environ 60 000$.

« On a même des autobus qui descendent de Uashat pour nos gros événements pendant les Pow Wow d’octobre et de juillet », a-t-il illustré.

M. Stacey est fier de dire que des sommes importantes d’argent sont aussi redistribuées à la communauté, à l’instar du bingo innu.

Cette somme n’a cependant pas de quoi impressionner le bingo de la Radio communautaire de Pessamit, qui a vu son gros lot atteindre 43 000$ cette semaine. La communauté de Pessamit est environ quatre fois moins populeuse que Kahnawake.

Du côté de Uashat mak Mani-utenam, on a déjà été témoin d’une cagnotte à 35 000$.

Pas payant, mais bien plaisant

Marius Picard et Lucette Thirnish ont généreusement ouvert la porte de leur résidence à Uashat, le temps d’une soirée bingo.

Tous les espoirs étaient permis, puisque la cagnotte s’élevait à près de 33 000$.

Tandis que les hôtes s’affairaient sur deux, parfois trois cartes à la fois, il était facile de constater qu’un novice comme notre journaliste avait besoin de toute sa concentration pour suivre le rythme à une seule carte.

Le silence était de mise pendant les parties. Facile de le constater lorsque Mme Thirnish et son invité ont éclatés de rire au moment où le numéro était nommé…Le regard de M. Picard, teinté d’un petit sourire, voulait tout dire.

« Ce qu’on aime du bingo, c’est le côté méditatif, tu estampes tes cartes sans trop réfléchir, et idéalement, sans trop parler », explique M. Picard, en lançant un clin d’œil à sa conjointe.

Au final, personne n’aura fait sauter la banque, mais les discussions, comme le nachos, fûrent d’excellents prix de consolation.

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