Groupe minier Impérial écarte Baie-Comeau pour Sept-Îles

Par Charlotte Paquet 4:10 PM - 24 janvier 2023
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Groupe minier Impérial a finalement choisi d’installer ses pénates à Sept-Îles plutôt qu’à Baie-Comeau en raison des coûts moindres. Courtoisie Wikimedia Commons

Groupe minier Impérial n’a plus Baie-Comeau dans sa mire pour installer son usine de produits d’alliage scandium et scandium aluminium. Elle se tourne maintenant vers Sept-Îles pour la taille de ses terrains, mais aussi pour son lien ferroviaire vers le nord, à deux pas de sa propriété de Crater Lake.

Alors que les multinationales Nouveau Monde Graphite et Northern Graphite viennent d’annoncer des projets en développement à Baie-Comeau, Impérial écarte la ville en raison des coûts trop élevés en infrastructures et en transport.

« Malheureusement, il fallait qu’on prenne une décision entre les deux sites. La décision a été prise sur le côté de l’évaluation économique. Malheureusement, il fallait qu’on prenne une décision pour aller de l’avant », a souligné au bout du fil Peter J. Cashin, président et chef de la direction.

En décembre 2022, l’entreprise basée à Montréal a annoncé avoir conclu une entente de collaboration avec Développement économique Sept-Îles en vue de la réalisation de son projet dans les limites de la municipalité.

Or, en décembre 2021, c’est plutôt Baie-Comeau qui était ciblée. L’entreprise avait alors annoncé le lancement d’une étude de marché internationale dans le but de produire à Baie-Comeau des alliages, notamment un alliage avec 2 % de scandium et 98 % d’aluminium.

La zone industrialo-portuaire était alors vue comme un choix idéal pour transformer le minerai provenant de son gisement au nord et fabriquer les alliages. La disponibilité en hydroélectricité verte à faible coût, le port en eau profonde et l’expertise de la main-d’œuvre dans le secteur de l’aluminium étaient vus comme des atouts.

Mais les résultats de l’étude préliminaire économique, obtenus en juin, n’ont pas été concluants. Fait à noter, Innovation et Développement Manicouagan n’a pas eu à injecter les 50 000 $ qui avaient été annoncés en décembre 2021.

Des détails

« Le parc industriel à Baie-Comeau n’était pas capable nous faire un seul terrain pour notre usine de tailings (parc à résidus) et notre usine de transformation qu’on avait l’intention de faire », a d’abord expliqué M. Cashin. Selon lui, la distance séparant les deux terrains aurait occasionné des coûts supplémentaires de transport des résidus.

Un autre avantage important de Sept-Îles, c’est le lien ferroviaire direct vers Schefferville. « Les coûts de transport ferroviaire, c’est pas mal moins dispendieux que sur des camions », a-t-il ajouté, en parlant d’un coût moyen par train de 30 $ la tonne comparativement à entre 125 $ et 150 $ la tonne par camion.

À partir du gisement de Crater Lake, Groupe minier Impérial transportera un concentré minéral contenant du scandium, mais aussi des terres rares, du titane et du fer, notamment.

Prochaines étapes

Vers la mi-2023, des études environnementales seront réalisées sur la propriété et le terrain industriel à Sept-Îles en prévision de l’étude de faisabilité à venir.

Bien des étapes resteront à franchir après, notamment celle de l’étude par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement. Impérial s’attend à être en production en 2027.

L’entreprise a amorcé des discussions avec l’aluminerie Alouette en vue d’une possible collaboration. « On a eu des discussions avec eux autres durant notre visite au mois de décembre et on attend qu’ils nous reviennent », a indiqué le grand patron, plutôt laconique à ce sujet.

Faut-il rappeler que le projet initial de Baie-Comeau prévoyait la production d’un alliage avec 2 % de scandium et 98 % d’aluminium.

« L’idée, c’est que toutes les alumineries et le secteur de l’aluminium au Québec gagnent en ayant un nouveau produit de haut de gamme comme le nôtre », a conclu Peter J. Cashin en parlant d’un aluminium custom.

Des préoccupations soulevées

Le projet de Groupe minier Impérial est considéré comme une bonne nouvelle, mais la prudence est de mise avant de se réjouir trop vite.

Développement économique Sept-Îles (DESI) accompagne l’entreprise dans ses démarches. Pour le directeur de cette corporation, ce type de projet convient bien à la vision économique que Sept-Îles souhaite avoir, qui consiste à favoriser la transformation des ressources et non seulement l’exportation du minerai.

« Ça va dans la volonté de diversification économique. Un projet comme celui-ci permettrait de faire un produit un peu plus avancé que simplement extraire du minerai », souligne Paul Lavoie, directeur général de Développement économique Sept-Îles. « Il pourrait y avoir de l’aluminium enrichi en scandium, par exemple, qui sert dans l’industrie de l’aviation.»

« Ce qu’on souhaite à long terme c’est qu’on puisse attirer d’autres projets de ce type. Ça nous permettrait d’avoir une place dans cette économie des minéraux critiques », renchérit-il.

Bien que le maire de Sept-Îles croit qu’il s’agit d’une bonne nouvelle, Steeve Beaupré indique qu’il est « prématuré de se réjouir ». Pour lui, il reste plusieurs étapes avant que le projet ne puisse voir le jour. Il y aura notamment les évaluations environnementales et des discussions avec la communauté de Uashat mak Mani-utenam. Il ajoute qu’un projet avec un tel potentiel de création d’emploi vient avec des préoccupations quant à la capacité d’accueil de Sept-Îles.

« On vit la pénurie de main-d’œuvre comme partout ailleurs au Québec. Avec le promoteur qui veut s’installer ici, est-ce qu’il y aura moyen de s’asseoir avec lui, la chambre de commerce et DESI pour trouver des solutions, si jamais le projet voit le jour », questionne M.Beaupré.

-Collaboration Vincent Berrouard

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