Dans les souliers du père Noël

Par Réjean Porlier 12:00 PM - 25 Décembre 2022
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Je ne sais pas pour vous, mais à l’approche du temps des Fêtes, il me revient des images de tous ces Noël qui se sont succédé. Plus jeune, comme tous les autres enfants, je n’en pouvais plus d’attendre ce minuit chrétien, au point de ne plus arriver à dormir ou plutôt de tout faire pour rester éveillé et tenter de saisir ce moment magique où le père Noël ferait son entrée.

La plupart du temps, il était déjà passé, mais à l’occasion, nous avions la chance d’avoir un oncle ou un ami de la famille disposé à enfiler un costume souvent mal ajusté. Bon, la ressemblance n’était pas toujours frappante, alors que vraisemblablement, il y avait des volontaires plus maigres que d’autres pour lesquels le costume c’était déjà beaucoup, alors oubliez la bourrure!

Peu importe, nous voulions tellement y croire que les compromis faisaient partie du jeu. En fait, le seul qui aurait été crédible avec un minimum d’ajustement était mon père, mais le physique de l’emploi, ce n’est pas tout et je pense que nous aurions remarqué l’absence du patriarche. Vous avez raison, c’est prétentieux de penser que nous l’aurions reconnu alors que généralement, la naïveté est de mise dans ces occasions. Et cette naïveté, je l’ai rencontrée à chacune des occasions où moi-même je sautais dans les souliers du père Noël.

Et ça m’est arrivé plus d’une fois!

Père à mon tour et en couple avec une enseignante qui a passé une grande partie de sa carrière en maternelle, ma voie était toute tracée. Chantal ne manquait jamais une occasion de souligner chacune des fêtes inscrites au calendrier. Elle avait un goût prononcé pour les décors et vous savez quoi, d’ordinaire je faisais partie de la production. Tantôt déguisé en sorcière pour l’Halloween, tantôt en père Noël, d’abord à l’école où elle offrait mes services à ses collègues toujours prenantes et ensuite à la maison, où il fallait faire preuve de toutes sortes de subterfuges pour ne pas éveiller les soupçons.

Bref, autant d’occasions pour peaufiner mon personnage et tenter d’être crédible. Tous les père Noël retraités vous le diront; vient un jour où les fausses barbes ça ne berne personne, mais pour quelques-uns, c’est tout de même surprenant comment cette volonté d’y croire arrive à prendre le dessus.

Je me souviens de mon garçon, après que j’eus fait une entrée fracassante : tintement de grelots, à me les geler dans la cour arrière et à me faufiler entre les arbres etc. Nous n’avions pas ménagé sur les détails, mais voilà que le père Noël était reparti sans ses bottes. Oups! Chantal était parvenue à sauver les meubles « Il s’est trompé et est reparti avec celles de ton père! »

Je revois ces jeunes en maternelle, une année où quelques petits allumés avaient décidé que la fausse barbe ne passerait pas. Ils s’étaient mis à plusieurs pour démasquer l’imposteur. Alors je décidai de faire face à la musique et de confier à ces privilégiés un secret qu’ils devraient garder pour eux… pas question d’en souffler mot aux autres classes. Dans la dernière semaine de préparation des cadeaux, un lutin avait malencontreusement mis le feu dans la barbe du père Noël avec un chalumeau, lors de la fabrication des jouets.

Croyez-le ou non, il se dégagea rapidement un consensus au sein de la classe et il s’agissait bel et bien du vrai père Noël.

Que de beaux moments à côtoyer cet émerveillement, cette spontanéité et cette naïveté. Il y a bien eu quelques moments forts : ce petit garçon à qui j’avais fait promettre de ne plus jamais péter sur le père Noël, ou lorsque Mme Chantal venait à son tour sur mes genoux après que tous les enfants y soient passés.

Je lui faisais remarquer comment elle était grande pour être en maternelle et tous en cœur les enfants me ramenaient à la réalité… « C’est le professeur voyons! » J’entendais dans leur tête « Allume père Noël ».

De toutes ces occasions que j’aurai eues d’enfiler le costume mythique, j’avoue me souvenir particulièrement d’un des moments qui me rendit spécialement heureux et des plus émus.

Une fois où j’ai eu la sincère impression de faire la différence pour des jeunes, qui vraisemblablement, recevraient peu de choses pour Noël, sinon l’amour de leurs parents. La directrice de Recyk et Frip et son équipe avaient emballé des cadeaux pour offrir à des familles moins bien nanties et chaque fois qu’un jeune venait recevoir le sien, je voyais dans leurs yeux tout cet émerveillement qui du coup, illuminait la pièce et faisait oublier tout le reste.

Mais je voyais aussi toute la reconnaissance dans le visage des parents. Voilà ce qui à mon avis représente la magie de Noël : un geste simple qui rend heureux et qui fait du bien à celui qui donne comme à celui qui reçoit, au point de faire oublier tout le reste pour un instant.

Je vous souhaite à toutes et tous de très joyeuses Fêtes!

À bientôt!

Le faux père Noël!

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