Les autorités de communautés innues affirment mener des offensives contre le crime organisé sur leur territoire, mais espèrent du renfort pour avoir plus d’impact.
« Ils [le crime organisé], savent que les corps de police en régions isolées ont beaucoup moins de ressources que des villes comme Montréal ou Québec, ils ont donc moins de chance de se faire prendre », explique André Vollant, enquêteur à Pakua Shipi.
Parmi les solutions proposées, entre autres lors du Sommet de la Nation innue en début de mois, deux sont ressorties du lot à maintes reprises.
La première serait la création de corps policiers régionaux autochtones.
Un service de police régional est le résultat d’une fusion permanente entre différents corps policiers d’une même région. Ce modèle de sécurité publique n’est d’ailleurs pas seulement applicable aux communautés autochtones. On peut penser à la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent, créée en 2004, qui dessert 17 municipalités sur la Rive Sud de Montréal. Ces municipalités avaient auparavant chacune leur corps policier.
La deuxième solution, qui n’empêche pas la première, serait la mise sur pied d’une escouade d’enquête mixte pour la lutte au crime organisé et à la vente de stupéfiants.
Le terme « escouade mixte » est utilisé lorsque différents corps policiers unissent, à court, moyen ou long terme, leurs effectifs et leurs ressources dans un but précis.
L’Unité mixte d’enquête sur le crime organisé autochtone (UMECO-A), mise sur pied par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en 2005, en est un exemple. Cette équipe était constituée de policiers chevronnés provenant de la GRC, de la Sûreté duQuébec, ainsi que des différents corps policiers autochtones de la province, avant d’être dissoute une douzaine d’années plus tard.
Le projet avait néanmoins porté fruit, puisqu’il a permis l’arrestation d’une centaine d’individus pour des accusations liées au gangstérisme, au trafic de stupéfiants et au blanchiment d’argent dans sa première année de vie seulement.
Cette initiative a d’ailleurs remporté le prix de l’Association internationale des chefs de police en 2006.
Aucune de ces solutions ne sont écartées des plans pour l’instant.
Des pour et des contre
«Nous avons un petit corps de police, la communauté s’habitue à ses policiers, le lien de confiance est donc très bon. Des agents provenant de l’extérieur pourraient nuire à ce lien.»
– André Vollant
«Ça nous permettrait d’avoir plus de ressources et de personnel. Nous serions donc en mesure de nous attaquer aux plus gros poissons du crime organisé et pas seulement aux petits revendeurs.»
– Jérôme Bacon St-Onge
«Avec une microrégionalisation, il pourrait être possible d’augmenter le personnel disponible tout en permettant au lien de confiance de persister.»
– Ian Lafrenière
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