Des femmes autochtones témoignent avoir subi une stérilisation de force

Par Emy-Jane Déry 12:21 PM - 24 novembre 2022
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Une première étude québécoise sur les stérilisations imposées de femmes des Premières Nations et Inuit est dévoilée jeudi. Plus d’une trentaine de témoignages de personnes ayant subi de la violence obstétricale ont été recueillis.  

« Plusieurs participantes ont réalisé qu’elles avaient été stérilisées plusieurs années après le moment de l’intervention, alors qu’elles allaient consulter pour leur fertilité », peut-on lire dans le document.

L’étude a été menée par la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador, en collaboration avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et plusieurs représentants d’organisations des Premières Nations, Inuit et autres.

Les témoignages ont été récoltés entre mai 2021 et janvier 2022. On y compte 35 participantes, dont dix Innues. Au total, 22 des femmes se sont vu proposer la ligature des trompes comme méthode de contraception, et ce, peu importe leur âge et le nombre d’enfants qu’elles avaient.

Nombre de cas en fonction de la ville où les événements se sont produits.

La délicatesse du sujet a pu « freiner certaines femmes des Premières Nations et Inuit à témoigner de leur expérience », précise-t-on dans le document, relativement au nombre de participantes. Une vingtaine de témoignages supplémentaires auraient pu être obtenus, dit-on.

Au moment des interventions, la plus jeune avait 17 ans et la plus âgée 46 ans. L’événement rapporté le plus récent se serait produit en 2019.

« Les stérilisations ont été réalisées de manière précipitée, souvent après un accouchement, alors que les participantes n’avaient jamais parlé de contraception avec leur médecin lors de leur suivi de grossesse et qu’aucune raison médicale ne justifiait l’empressement à réaliser cette intervention » peut-on lire dans l’étude.

La majorité des femmes étaient âgées de 17 à 33 ans lorsqu’elles ont été stérilisées.

« Sur le plan biologique, la période la plus favorable pour porter des enfants se situe entre 20 et 35 ans », souligne-t-on.

Dans les dernières décennies, plusieurs actes de discrimination vécus par les Premières Nations au sein des établissements de santé au pays et en province ont été mis en lumière à travers des enquêtes nationales et publiques.

« Force est de constater que l’analyse des témoignages recueillis dans le cadre de la présente recherche, juxtaposée aux conclusions de récents travaux de recherche menés sur les enjeux auxquels font face les Premières Nations et les Inuits dans les services publics au Québec, converge vers un constat clair, soit la présence de racisme systémique », conclut l’étude.

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