Les Anticostiens pas assez isolés pour une déduction d’impôt!

Par Vincent Rioux-Berrouard 6:00 AM - 24 février 2022
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Lorsqu’on utilise le terme de territoire isolé, l’île d’Anticosti semble correspondre à ce titre. Située en plein milieu du golfe du Saint-Laurent, étant reliée au continent par voie maritime et uniquement par voie aérienne en hiver, la grande majorité s’entendra à dire que les résidents de l’île vivent en région éloignée. Tous sauf peut-être le gouvernement fédéral qui refuse de donner la déduction d’impôt pour les résidents de régions éloignés aux gens de l’île d’Anticosti. Une source de frustration depuis plusieurs décennies sur cette île où moins de 200 âmes résident.

Au cœur de cet enjeu se trouve la déduction pour les habitants de régions éloignées du gouvernement fédéral. Celle-ci permet aux résidents des secteurs visés d’obtenir une somme de 11$ par jour.

Pour y être admissible, vous devez résider dans ce que le gouvernement fédéral identifie comme une zone nordique.

Sinon, vous pouvez obtenir la moitié de la déduction, soit 5,50$ par jour si vous résidez une zone intermédiaire. Les résidents de Port-Menier se trouvent dans une zone intermédiaire ce qui est un non-sens pour eux.

Mireille Malouin est une résidente de l’île d’Anticosti qui a entrepris de nombreuses démarches auprès des autorités politiques pour que les gens habitants à Port-Menier aient entièrement le droit à cette déduction.

Elle explique que ce qui frustre encore plus les gens de l’île est le fait que des villages en Minganie comme Baie-Johan-Beetz, Aguanish ou Natashquan aient droit à la déduction au complet. Sans rien enlever à ses communautés, Mme Malouin met de l’avant le fait qu’Anticosti soit bien plus isolée que ces trois villages.

« Nous ne sommes pas reliés par la route 138 comme eux », dit-elle.

Pour Mme Malouin, il est temps que les autorités fédérales se penchent sur la liste. Elle trouve aberrant le fait que la liste des zones comprend plusieurs lieux sur l’île qui ne sont plus habités depuis des décennies.

« Ça fait des années et des années que je dénonce la situation auprès des politiciens, mais que rien n’aboutit », souligne Mireille Malouin.

Pour elle, ce soutien financier est plus que nécessaire pour les gens de Port-Menier. Elle souligne qu’avec ce montant, cela aiderait les résidents à défrayer les coûts importants qu’il peut y avoir à vivre sur l’île, notamment pour le transport aérien.

Cette frustration par rapport à la déduction est également partagée par Michel Charlebois, un autre résident de Port-Menier qui a multiplié les démarches dans les dernières années pour faire changer le statut de l’île d’Anticosti. Pour lui, il y a un manque clair de volonté politique pour faire changer les choses.

« Je ne comprends pas pourquoi c’est si compliqué. On ne parle pas d’une mesure qui aura un impact majeur sur le budget du gouvernement fédéral », affirme M. Charlebois.

Si jamais les résidents d’Anticosti devenaient éligibles à cette déduction dans son entièreté, cela pourra représenter un gain pouvant aller jusqu’à 2 000 $ par année.

À l’étude à Ottawa

Actuellement, l’Agence du revenu du Canada et le ministère des Finances ont accepté d’étudier l’admissibilité des Anticostiens à faire partie de la zone nordique et ainsi avoir 100 % de la déduction.

La députée fédérale de Manicouagan, Marilène Gill, assure faire pression dans ce dossier auprès du gouvernement.

« Personnellement, je continuerai d’assurer un suivi très serré auprès de l’Agence du revenu du Canada et du ministère des Finances et à vous communiquer toute modification éventuelle à cet effet. Je ferai tout en mon pouvoir pour qu’enfin, dans les plus brefs délais et une fois pour toutes, cette erreur historique soit corrigée », indique l’élue du Bloc québécois par voie de communiqué.

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