Fausses ordonnances et cocaïne, un pharmacien regrette et assume

Par Sylvain Turcotte 3:45 PM - 14 Décembre 2021
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Le 17 janvier, Mohamed Madi connaîtra sa sentence. Photo Istock

L’histoire du pharmacien Mohamed Madi, qui pratique à Port-Cartier, vaut la peine d’être racontée. Des plaintes pour fausses ordonnances et usage de cocaïne ont été retenues contre lui. Non seulement attend-il la peine, mais il affirme qu’il assumera la punition imposée par son ordre professionnel. Il regrette amèrement ses écarts de conduite et s’excuse humblement auprès des gens concernés.

Commençons par le début. Pharmacien propriétaire de la Pharmacie Brunet de Port-Cartier, Mohamed Madi a plaidé coupable en novembre à six chefs, issus de plaintes portées au syndic, des gestes posés dans les pharmacies voisines de Baie-Comeau et de Sept-Îles, entre 2014 et 2020.

C’est le 17 janvier que M. Madi saura ce qui en découle de ses manquements déontologiques au Code de déontologie des pharmaciens et au Code des professions.

La suite maintenant. M. Madi a visiblement galéré. Il falsifiait des ordonnances, conservait l’argent du paiement de certains médicaments, n’a pas fourni certaines informations cruciales le concernant à l’ordre et a fait usage de façon immodérée de substances psychotropes, dont la cocaïne.

Le repentant

En pareille occasion, 19 fois sur 20, la personne intimée refusera de commenter l’histoire. Pas cette fois. Mohamed Madi avoue, assume, regrette et s’excuse.

L’homme a librement exprimé avoir des remords et des regrets face à ses gestes posés au début de sa carrière.

« J’étais un jeune gradué », a-t-il mentionné, étant inscrit au tableau de l’Ordre des pharmaciens du Québec depuis 2013.

Il a évidemment reconnu ses torts. À preuve, il a plaidé coupable à chacun des six chefs. « J’ai fauté. Je ne m’en cache pas. Je m’excuse envers mes collègues et la clientèle. »

M. Madi est un homme repenti. Il admet avoir changé depuis.

« Je ne suis plus le même homme aujourd’hui. J’ai changé de vie. Je suis en relation et j’ai des enfants. »

Il dit être prêt à faire face à ce que lui imposera le conseil de discipline de l’Ordre des pharmaciens du Québec. « Je vais rendre compte de mes actes et accepter la sanction. Je veux regarder vers l’avant. »

L’Ordre ne commente pas

De son côté, l’Ordre des pharmaciens du Québec s’est limité à ceci comme réponse au journal : « […] nous ne commenterons pas ce dossier en particulier en dehors de ce qui est déjà public, dans le but de préserver la confidentialité du processus en cours », a écrit son conseiller en relations publiques, Paul Cérat, à la question à savoir à quoi s’expose M. Madi.

En dépit des chefs d’accusation pour lesquels Mohamed Madi a reconnu sa culpabilité, le pharmacien peut continuer d’exercer jusqu’à sa sanction le 17 janvier pour éviter une rupture de services puisqu’il est le propriétaire de la seule pharmacie de Port-Cartier.

Un parcours incriminant

Comme mentionné, M. Madi fait face à six chefs. Voici, avec une plus de détails, les fautes qui ont été reprochés et avérés en vertu de son plaidoyer de culpabilité.

On lui reproche d’avoir fait défaut de s’acquitter de ses obligations professionnelles avec intégrité en inscrivant à son dossier pharmacologique et en exécutant des ordonnances qui n’avaient pas été dûment émises, utilisant faussement le nom et les informations d’un prescripteur, lorsqu’il exerçait chez Pharmaprix (Sept-Îles) entre la mi-août 2014 et le début janvier 2020.

Toujours pour le même endroit et pour la même période, il a illégalement réclamé auprès de tiers payeurs, le remboursement du coût de divers médicaments et services pharmaceutiques pour lui-même alors qu’aucune ordonnance valide n’avait été émise. Il plaide également coupable à ces deux mêmes plaintes alors qu’il exerçait du côté de Baie-Comeau, à la Pharmacie Christine Lacombe (550, boul. Laflèche), le ou vers le 23 mai 2014.

La plainte disciplinaire comprend également le chef d’avoir manqué à son obligation d’aviser la secrétaire de l’Ordre des pharmaciens du Québec qu’il avait fait l’objet d’une décision judiciaire visée à l’article 55.1, à savoir une décision d’un tribunal canadien le déclarant coupable d’une infraction criminelle, et ce depuis avril 2016.

Enfin, M. Madi a aussi fait un usage immodéré de substances psychotropes, dont la cocaïne, contrevenant ainsi à des articles du Code des pharmaciens et du Code des professions.

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