Anne Panasuk : dénoncer puis aider

Par Vincent Rioux-Berrouard 8:00 AM - 11 décembre 2021
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Photo courtoisie

Ancienne journaliste à Radio-Canada et maintenant conseillère spéciale pour le soutien aux familles d’enfants autochtones disparus auprès du ministre des Affaires autochtones, Anne Panasuk était de passage sur la Côte-Nord.

Bien que récemment retraitée, Mme Panasuk explique qu’elle ne pouvait refuser ce poste dans la foulée de la découverte de centaines de tombes d’enfants autochtones.


«Je me disais qu’après avoir participé à la dénonciation avec mes reportages, je ferais partie de la solution. J’ai donc accepté le poste après avoir consulté des aînés autochtones », affirme Mme Panasuk.


En juin, le gouvernement du Québec a adopté la loi autorisant la communication de renseignements personnels aux familles d’enfants autochtones disparus ou décédés à la suite d’une admission en établissement. Le rôle d’Anne Panasuk est notamment d’informer les familles des procédures pour avoir accès aux documents concernant un enfant disparu.

L’équipe de Mme Panasuk constitue aussi un réseau de médecin partenaire pour les aider à comprendre les documents provenant des hôpitaux.

« Lorsqu’on reçoit les archives médicales, c’est des documents qui datent des années 1970. C’est totalement incompréhensible en raison de la qualité de l’écriture et aussi parce que certains termes médicaux ont changé », dit-elle.

Au cours des prochains mois et prochaines années, avec l’activation de cette loi, Mme Panasuk s’attend à ce que le nombre d’enfants autochtones disparus qu’on retrouve augmente.

« Jusqu’à maintenant, avec la tournée dans certaines communautés autochtones, on en cherche déjà une centaine et il reste encore des communautés à visiter.»

« C’est un phénomène qui touche les communautés autochtones éloignées des grands centres. Il nous reste les Cris et les Inuits à aller visiter et je dois dire que j’ai peur de ce qu’on va découvrir», ajoute-t-elle.

Aussat

Le dossier des enfants autochtones disparus est un sujet que Anne Panasuk connaît bien. En 2015, elle réalise un reportage sur des enfants disparus dans les années 1970 dans la communauté de Pakua Shipi qui aura un grand retentissement.

Elle a d’ailleurs publié un livre, Aussat, parue au mois de septembre qui nous replonge dans cette histoire.
« Je veux que par ce livre, le lecteur québécois qui ne connaît pas du tout les autochtones puisse imaginer et comprendre ce qui s’est passé avec ses enfants », affirme Anne Panasuk.

L’écriture de ce livre a représenté tout un défi pour elle. Elle a dû relire et surtout réécouter les entrevues qu’elle avait effectuées. Le tout lui a fait revivre de nombreuses émotions.

Un lien fort avec la région

Elle entretient une longue relation avec la région. À la fin des années 1970, elle fut chargée de dresser la carte du territoire de la Nation innu. Par la suite, en 1982, elle décide d’appliquer sur un poste de journaliste à Sept-Îles à Radio-Canada qu’elle occupera pendant cinq ans. Durant ses années, elle tissera de nombreux liens avec la Côte-Nord et avec les communautés innues. Elle fut profondément marquée par l’attachement que les Innus accordaient aux enfants. Elle dit même que cela l’a influencé à elle-même avoir un enfant alors qu’elle se décrivait comme quelqu’un de carriériste avant sa rencontre avec cette nation.

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