Les glaces se font rares dans le golfe du Saint-Laurent

Par Vincent Rioux-Berrouard 7:00 AM - 26 février 2021
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La présence de si peu de glace dans le golfe du Saint-Laurent à ce moment de l’année a de quoi surprendre, mais avec les tendances climatiques il faudra peut-être s’habituer à une telle scène.

Depuis 1969, le Service canadien des glaces, produit des cartes sur l’état du couvert de glace. En date du 11 février 2021, jamais le couvert de glace n’a été à un niveau aussi faible qu’actuellement. En temps normal, il devrait y avoir approximativement 40 km3 de glace formés, mais on est seulement à 3 km3.

Actuellement, il y a un peu de glace dans l’estuaire du Saint-Laurent, dans la baie des Chaleurs et à la pointe de la Gaspésie, mais tout le reste du Golfe Saint-Laurent est à l’eau libre.

Pour Peter Galbraith, chercheur pour Pêches et Océans Canada à l’Institut Maurice-Lamontagne, les conditions ne sont simplement pas réunies pour former de la glace présentement. Évidemment, elle se forme en raison de la température extérieure et des vents. Il explique qu’il y a dans les 75 premiers mètres de l’eau, une grande quantité de chaleur qui doit être évacuée pour permettre la création d’un couvert de glace.

« Si c’était simplement une couche d’eau de quelques mètres qui était 1 degré trop chaud pour geler, il suffirait seulement d’une nuit à -15 degrés Celsius et la glace commencerait à se former, mais on parle plutôt d’une couche de 75 mètres qui doit être refroidie », affirme M. Galbraith.

Pour permettre un couvert de glace qui couvrirait la totalité du golfe Saint-Laurent, il faut que les mois de décembre, janvier, février et mars aient des températures froides.

Les mois de décembre et de janvier ont été très chauds. La température moyenne en décembre 2020 et en janvier 2021 était de 3,7 et 4,6 degrés Celsius au-dessus de la moyenne climatologique.

Le fait qu’il n’y ait pas de glace dans le golfe du Saint-Laurent est très rare. Une telle situation s’est produite en 1958, 1969, 2010 et 2011.

Selon le chercheur, bien que le couvert de glace va probablement se former à proximité des berges en raison de la faible profondeur des eaux, il est pratiquement impossible d’imaginer un scénario à ce moment-ci qui permettrait aux glaces de recouvrir le golfe du Saint-Laurent.

Glace à la hauteur de Longue-Pointe-de-Mingan (Photo : Jeanne Paquet)

« Normalement, au mois de mars, le golfe est au point de congélation, mais on sait qu’avec les données qu’on a actuellement, qu’en grande partie, le golfe n’aura pas de couvert de glace cette année. »

Pour Peter Galbraith, il est possible qu’en raison de la hausse observable de la température des eaux, dans le futur, le fait d’avoir un golfe du Saint-Laurent sans glace devienne la norme.

Recueillir des données

Pour obtenir des données sur l’état des glaces et la température de l’eau, les chercheurs comme Peter Galbraith ont recours à différentes sources. Pour ce qui est de la glace, les données proviennent d’imagerie satellite qui est produite par le Service canadien des glaces. Pour ce qui est de la température de l’eau, il existe 13 stations météorologiques dispersées dans le Golfe du Saint-Laurent qui effectue des relevés. Il y a aussi le navire Connaigra, qui effectue la liaison entre Montréal et Saint-Jean de Terre-Neuve, qui procède a des relevés d’eau lorsqu’il passe dans le golfe du Saint-Laurent ce qui permet de savoir la température de l’eau.

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