Signalements retenus : la DPJ franchit un “cap historique”

Par Charlotte Paquet 2:00 PM - 25 septembre 2019
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Directrice de la protection de la jeunesse sur la Côte-Nord, Marlene Gallagher (4e à partir de la gauche) est accompagnée des chefs de service de son équipe, Martine Deslandes, Nadia Denis, Nancy Bergeron, France Imbeault et Annie Lapointe.

Les signalements traités par la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Côte-Nord ont augmenté de 11,7 % en 2018-2019, mais au-delà de cette donnée, c’est le « cap historique » franchi avec les 1 032 signalements retenus qui interpelle et attriste encore plus Marlene Gallagher.

Directrice de la protection de la jeunesse, Mme Gallagher a dévoilé mercredi le bilan de la dernière année sur la Côte-Nord. Si les 3 450 signalements traités démontrent que la population est conscientisée et appelle, le fait que la barre des 1 000 signalements retenus soit attente la frappe davantage de plein fouet.

Elle se dit triste de voir qu’au Québec, avec les bonnes conditions sociales et économiques qui prévalent, autant d’enfants ont des besoins de base qui ne sont pas répondus alors qu’ils devraient plutôt pouvoir grandir dans la bienveillance et dans leur plein potentiel .

Tout en comparant les 1 032 signalements retenus, en hausse de 41, à une unité de soins intensifs qui serait à pleine capacité constamment, la DPJ a indiqué que sur la Côte-Nord, « on peut juste s’attrister de ce genre de portrait là ».

Au quotidien

Chaque jour sur la Côte-Nord, une dizaine de situations d’enfants sont signalées. Un tiers d’entre eux en moyenne seront retenus, c’est-à-dire que les intervenants de la DPJ pousseront un peu plus loin l’investigation. Les 0-5 ans et les 6-12 ans représentent chacun environ 40 % des cas rapportés.

Parmi les principales problématiques, la négligence et le risque sérieux de négligence concernent 48,4 % des signalements retenus. Viennent ensuite les mauvais traitements psychologiques et les abus physiques avec 16 %.

Au chapitre des abus physiques, la Côte-Nord se démarque encore une fois de l’ensemble du Québec, où ils représentaient 25,9 % des signalements l’an dernier. Malgré tout, Marlene Gallagher refuse de voir de cette problématique moins présente dans la région. « Je ne suis pas convaincue qu’on nous signale toutes les situations d’abus physiques qu’on devrait nous signaler », laisse-t-elle tomber.

Autre élément qui distingue la région, c’est l’implication des familles élargies pour accueillir les enfants retirés de leur milieu. Chez nous, ils se retrouvent chez des proches dans 32 % des cas contre 10 % au Québec.

Ça continue

Les statistiques de l’année en cours révèlent que la situation ne s’améliore pas, bien au contraire. À la mi-septembre, une hausse de 13 % des signalements retenus était observée. Au cours de l’été, la DPJ a reçu un investissement additionnel de 1,1 M$, une ampleur qui ne s’est pas vue depuis de nombreuses années, pour pourvoir des postes afin de tenter de répondre à la demande.

Depuis octobre 2018, des records de signalements sont atteints toutes les semaines. Vers la fin août et le début septembre, on a cru qu’une certaine accalmie s’installait, mais non.

Pour renverser la tendance, Mme Gallagher considère que chacun a une responsabilité individuelle. Elle parle notamment d’un petit geste à poser pour aider son prochain lorsqu’on pressent une situation difficile. « Qu’est-ce qui fait que notre tissu social s’est effrité? On a chacun nos réponses. J’ai pas de grande baguette magique, mais il y a une magie sur notre capacité comme individu de faire une différence et ça, j’y crois profondément ».

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