Le SIISNEQ demeure sur ses gardes
«À un moment donné, la qualité des soins, tu ne peux plus l’assurer. Le personnel en souffre et la population en écope», affirme Claire Montour (à droite), présidente de la Fédération de la santé du Québec. À gauche, on aperçoit Anne Dionne, vice-présidente de la Centrale des syndicats du Québec, et au centre, Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois.
L’entrée en scène récente d’un médiateur-arbitre dans les négociations en vue du renouvellement de la convention collective des 1 000 membres du Syndicat des intervenantes et intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ) sur la Côte-Nord porte ses fruits, mais du côté syndical, on tient à préciser qu’il n’est pas question «d’une signature à tout prix».
C’est là le message lancé par la présidente Nathalie Savard, mercredi, en marge de l’assemblée générale qui a réuni 25 déléguées et délégués nord-côtiers afin de faire le point sur la négociation locale au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord.
«On a 26 matières à négocier et il nous reste cinq matières à finaliser et c’est des matières importantes pour les gens qu’on représente, ne serait-ce que comment on donne les assignations de travail, comment on gère la structure de postes, le déplacement», indique la présidente.
Deux journées de négociations sont prévues la semaine prochaine. Mme Savard espère que les parties parviendront à s’entendre d’ici à la fin du mois de février. Elle souhaite cependant que l’employeur renonce à ses «demandes exagérées concernant la mobilité et la flexibilité».
Conditions de travail
Les conditions de travail sont loin de s’améliorer dans le réseau de la santé et des services sociaux, déplore une fois de plus la présidente. Avec chiffres à l’appui, elle démontre que cela nuit au recrutement et à la rétention.
Ainsi, depuis avril 2018, 73 infirmières ont été recrutées, mais 81 ont quitté. Du côté des infirmières auxiliaires, l’augmentation nette se limite à 3 puisque 43 ont été embauchées, tandis que 40 démissionnaient. Enfin, chez les inhalothérapeutes, cinq ont été recrutées, mais quatre ont démissionné.
Mme Savard réclame des conditions de travail qui vont permettre à ses membres «d’être heureuses au travail, retrouver le sens de leur travail, avoir un horaire d’avance, ne pas être mobiles, ne pas être flexibles et être sur une équipe».
Rehaussement de postes
C’est d’ailleurs par l’amélioration de leurs conditions au quotidien que les travailleuses accepteront des postes à temps complet, insiste la présidente, tout en rappelant que ces postes touchent à peine 46% des infirmières, 38% des infirmières auxiliaires et 52% des inhalothérapeutes.
«On demande à notre employeur de rehausser les postes à temps partiel vers des postes à temps complet pour celles qui le désirent. On veut que nos membres disent oui au rehaussement, mais il faut leur donner les conditions pour dire oui», dit-elle.
Pour aider à changer la donne, la présidente de la Fédération de la santé du Québec, Claire Montour, réclame un investissement dans la santé par le gouvernement Legault. «Le personnel veut travailler à temps plein, pas faire un supplémentaire à temps plein», mentionne-t-elle.
Selon Mme Montour, le recours au temps supplémentaire a augmenté au cours de la dernière année. «À un moment donné, la qualité des soins, tu ne peux plus l’assurer. Le personnel en souffre et la population en écope», laisse-t-elle tomber.
La main-d’œuvre indépendante a d’ailleurs augmenté de 33% chez les infirmières et de 238% chez les infirmières auxiliaires en cours d’année sur la Côte-Nord, souligne la présidente de la FSQ.
La Centrale des syndicats du Québec (CSQ), dont fait partie le SIISNEQ, mène actuellement une campagne de sensibilisation sur la détresse au travail ayant pour thème Tout cela n’est pas dans ta tête. «Ce n’est pas dans notre tête. C’est les conditions de travail qui rendent nos gens malades», assure Anne Dionne, vice-présidente de la CSQ.
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