Le personnel judiciaire de Sept-Îles victime d’intimidation

Par Mathieu Morasse 15 janvier 2019
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tribunal spécialisé en violence conjugale et exploitation sexuelle

Palais de justice de Sept-Îles.

Des données dévoilées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) indiquent que le personnel judiciaire de Sept-Îles et de l’Est de la Côte-Nord subit un nombre disproportionné de cas d’intimidation.

De 2010 à 2018, le DPCP a ouvert 1 280 dossiers dans l’ensemble du Québec relativement à des cas d’intimidation d’une personne associée au système judiciaire en matière criminelle. De ce nombre, 58 dossiers ont été ouverts à Sept-Îles et dans ses points de service de la Cour itinérante. À Baie-Comeau, ça se chiffre à dix cas.

Cela signifie que 4,5 % des dossiers d’intimidation du personnel judiciaire ont été ouverts dans l’Est de la Côte-Nord. La région ne compte pourtant que 0,6 % de la population du Québec. C’est 7,6 fois plus que son ratio de population.

Me Jean-Pascal Boucher, porte-parole du Directeur des poursuites criminelles et pénales, n’est pas en mesure d’expliquer cette disproportion.

«Ce serait difficile de s’avancer. Il faudrait aller dans chacun des dossiers pour en connaître la cause.

Des affiches installées au greffe du palais de justice de Sept-Îles rappellent que la violence verbale n’y est pas tolérée. (Photo : Le Nord-Côtier)

Victimes variées

Les procureurs de la Couronne ont fait les frais de 250 des 1 280 cas répertoriés. Les données du DPCP ne permettent pas de déterminer quelles sont les autres personnes intimidées.

Il peut s’agir de juges, d’avocats, de greffiers, d’élus municipaux, de policiers, de gardiens de prison, de témoins, de jurés, etc.

«Les données ne sont pas exhaustives, puisque notre système d’information est conçu à des fins opérationnelles et non à des fins d’analyses statistiques. […] Ces statistiques ne comprennent pas les données des cours municipales puisqu’elles ne relèvent pas de notre organisme», indique le DPCP.

Sécurité maximale

Simon (nom fictif), 46 ans, travaille au pénitencier à sécurité maximale de Port-Cartier, à l’ouest de Sept-Îles. Les menaces, l’intimidation et le chantage font partie de son quotidien depuis une quinzaine d’années.

«On a des menaces quand les portes sont fermées, du genre “je vais m’en prendre à ta famille, je vais m’en prendre à toi, si la porte ouvre il va se passer quelque chose”», relate-t-il.

S’il n’a jamais eu de crainte réelle pour lui et sa famille, les attaques verbales ont quand même leurs impacts.

«Se faire dire ça au quotidien, un moment donné, tu viens avec la mèche courte. Ça gruge, ça mine un peu à la longue», confie-t-il.

Diminuer la pression

Les greffières du palais de justice de Sept-Îles font elles aussi régulièrement les frais de la grogne des contribuables. Elles ont ainsi mis en place un mécanisme de désescalade. Résultat, les plaintes de menaces de leur part sont rares.

«Quand le ton monte, les greffières se font signe d’aller chercher un constable spécial. On entre dans le greffe et ça calme généralement les ardeurs», indique Dominique (nom fictif), constable spécial au palais de justice de Sept-Îles.

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