Des élèves de la Basse-Côte-Nord confinés dans leur village

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Mutton Bay

École de Mutton Bay

Des élèves de la maternelle et du secondaire en Basse-Côte-Nord sont obligés d’étudier dans la même classe puisque l’absence de route en hiver les empêche de se rendre à leur école habituelle de manière sécuritaire.

La municipalité de Mutton Bay en Basse-Côte-Nord abrite près de 200 âmes. De ce nombre, une dizaine sont d’âge scolaire. La moitié est au primaire et les autres sont au secondaire.

Depuis trois ans, ces élèves font leur rentrée scolaire à l’école du village de La Tabatière, à 8 km de Mutton Bay, où sont aussi réunis une cinquantaine d’écoliers.

L’hiver, la route reliant les deux municipalités n’est pas déneigée. Pour quitter le village, les citoyens doivent emprunter la route blanche qui se veut un sentier de motoneige. Dès les premières bordées de neige, les élèves de Mutton Bay sont confinés à devoir étudier dans une seule et même classe de leur village, puisque leur transport à l’école ne serait pas sécuritaire. À la veille du retour en classe, les parents ignorent toujours si plus d’un professeur sera affecté à l’éducation de leurs enfants dont l’âge varie entre 4 ans et 16 ans.

Improvisé

Cindy Mansbridge, dont l’enfant fréquente l’école, juge que la Commission scolaire du Littoral fait preuve d’improvisation dans ce dossier. «Chaque année, on ignore ce qui va se passer après les Fêtes. L’école recommence mardi prochain et tout ce qu’on sait, c’est que les enfants vont aller à l’école de Mutton Bay, mais pas comment vont se dérouler les cours et qui sera le professeur», a dit la mère de famille.

Elle craint que le fait que son enfant partage sa classe avec des élèves de plusieurs niveaux l’empêche de recevoir une éducation adéquate. Elle déplore également qu’il ne pourra possiblement pas développer ses habiletés sociales en étant le seul de son âge à l’école.

Responsabilité

Une ancienne administratrice de la Commission scolaire du Littoral, Lucy de Mendonça, juge que le maire de Gros-Mécatina, Randy Jones, pénalise les étudiants en refusant de déneiger le lien routier.

«Il refuse de maintenir la route ouverte pour que la Commission scolaire puisse transporter les petits qui sont tout seuls et qu’ils puissent étudier avec d’autres enfants», dit-elle.

Le territoire de Gros-Mécatina inclut les villages de Mutton Bay et de La Tabatière. Leur maire Randy Jones se défend et affirme qu’il coûterait trop cher et que ce serait trop dangereux de déneiger la route reliant les deux municipalités.

«Ce sont de vieilles routes, alors j’estime le coût de déneigement à plus de 200 000$. On n’a pas ce budget et les gens préfèrent utiliser la route blanche qui est plus sécuritaire l’hiver», assure-t-il.

Il y a trois ans, la Commission scolaire a investi près de 100 000$ dans un véhicule de transport de marque Mercedes auquel elle a ajouté un système de chenille de type «Track-n-go». Cependant, le maire soutient que le ministère des Transports lui a indiqué que ce type de véhicule n’était pas recommandé en raison de son instabilité.

«La Commission scolaire a essayé le véhicule et il est resté pris dans la neige deux fois. Je refuse que l’on prenne nos enfants pour des cobayes», indique Randy Jones.

Cette année, la Commission scolaire a proposé aux parents de leur octroyer 200$ par mois pour qu’ils transportent leurs enfants par motoneige chaque matin. Ils ont refusé. Randy Jones assure qu’il travaille actuellement à obtenir les subventions nécessaires pour l’achat d’un véhicule de transport allant sur la neige qui serait plus sécuritaire.

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