867 millions pour l’industrie forestière : la Côte-Nord reprend son souffle

Par Emy-Jane Déry 6 juin 2017
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Le gouvernement fédéral a annoncé un plan de 867 millions pour aider l’industrie forestière à faire face aux mesures imposées à la frontière par le gouvernement américain. Le milieu nord-côtier s’en réjouit, mais parle d’une solution temporaire.

Depuis fin avril, l’industrie canadienne doit composer avec des droits compensateurs de près de 20% à la frontière américaine.

Le gouvernement du Canada qualifie cette mesure «d’injuste» et somme les États-Unis de l’annuler. En attendant, le plan d’aide annoncé la semaine dernière vise à soutenir les milliers d’emplois reliés à cette industrie au pays. Il comprend des prêts et des garanties d’emprunt pour les entreprises forestières.

Exportation et développement Canada mettra 500 millions de dollars à disposition et la Banque de développement Canada 105 millions.

À Port-Cartier, le commissaire industriel Bernard Gauthier voit ces mesures comme un levier duquel les entreprises forestières de la Côte-Nord pourront profiter durant la prochaine année.

«C’est rassurant de voir que les industriels ont des alternatives pour pouvoir tenir le coup», a-t-il commenté.

Le gouvernement investira aussi dans la diversification des produits forestiers et des marchés pour «promouvoir sa vitalité à long terme». Pour ce faire, de nouveaux investissements de 260 millions sont déployés. On fera notamment prolonger temporairement la période maximale des accords de travail partagé de 38 à 76 semaines afin de réduire les mises à pied.

«On salue l’initiative, mais nous espérons que les industriels vont simplement continuer de produire et qu’ils n’auront pas besoin d’en arriver à ça», a dit M. Gauthier.

Cette dernière mesure est aussi particulièrement appréciée par les Métallos, qui y voient une alternative pour limiter les dégâts à court terme et garder des gens au travail, même si ce n’est qu’à temps réduit.

«Ça permet de se tenir prêt pour la relance», a dit Alain Croteau, directeur québécois des Métallos. «Mais ce n’est que temporaire. Le problème de fond demeure», a-t-il ajouté par communiqué.

Une délégation de Métallos du Québec et du Canada se rendra d’ailleurs à Washington dans les prochains jours pour sensibiliser des congressistes et des sénateurs américains aux effets néfastes des barrières tarifaires.

Trop tôt pour estimer les retombées

De l’avis du Groupe Rémabec, qui possède notamment la scierie Arbec de Port-Cartier, il est encore tôt pour pouvoir mesurer l’efficacité des mesures annoncées par le fédéral. L’entreprise n’a pas souhaité accorder d’entrevue, mais a réagi par voie de communiqué en saluant l’engagement.

«Nous tenons à rappeler qu’il devra se traduire, dans le futur, par une reconnaissance et une défense des spécificités du régime forestier québécois qui assure que le bois sur pied récolté au Québec est payé à une juste valeur marchande représentative des marchés», y a fait valoir Réjean Paré, président et chef des opérations du groupe.

La députée du Bloc Québécois Marilène Gill  estime que l’aide arrive tardivement après 15 mois de demande de son parti et que le gouvernement devra en faire plus dans l’avenir.

«Les quelque 800 millions de dollars devront probablement se multiplier, tout comme le gouvernement devra décupler sa vitesse de réaction», a-t-elle indiqué, qualifiant l’annonce de «demi-victoire».

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