Réflexion collective pour “Habiter le Nord québécois”

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Une soixantaine de partenaires et d’invités se sont rassemblés sous le grand shaputuan à l’occasion du colloque d’Habiter le Nord québécois.

Le partenariat Habiter le Nord québécois, un projet se penchant sur l’aménagement culturellement approprié et durable des communautés innues du Nitassinan et inuit du Nunavik, a offert une expérience unique à ses partenaires à l’occasion de leur colloque annuel sous le thème de l’innovation en construction et en planification dans les communautés autochtones. L’évènement s’est déroulé sur le site traditionnel Innu Ténina à Shipit près de Mani-Utenam.

En partenariat avec la Société d’habitation du Québec et d’ITUM, le partenariat Habiter le Nord québécois a invité près d’une soixantaine de chercheurs, partenaires, étudiants et invités spéciaux à venir «réfléchir ensemble aux défis de l’habitation, de la construction et de la planification au Nunavik et au Nitassinan».

Les conférences se déroulaient sous un large shaputuan érigé spécialement pour l’évènement. Tous les invités étaient rassemblés autour d’une même table longue qui semblait favoriser la discussion et l’échange d’idées. Les enjeux urgents dans les communautés, l’habitation respectueuse des cultures et des territoires, l’innovation et la construction ainsi que la gouvernance et la mobilisation sont les quatre thèmes abordés lors des différentes conférences.

Habiter le Nord québécois
Habiter le Nord québécois est un projet de recherche collaboratif financé par le Conseil de recherche en sciences humaines du Canada. La recherche est prévue pour une durée de cinq ans soit de 2015 à 2020 et est principalement menée par l’école d’architecture de l’Université Laval.

L’étude se penche notamment sur l’aménagement culturellement approprié et durable des communautés par l’entremise de trois dimensions qui structurent l’habitat autochtone soit la communauté, les cadres de vie et la gouvernance. Parmi ses objectifs, le projet cherche à faire interagir une multitude d’intervenants de manière à bonifier la réflexion.

«Autour de la table, il y a des représentants des communautés innues et inuit, des services d’habitation, des représentants d’organisation qui s’occupent de la construction et de la planification innue et inuit, il y a des architectes et des chercheurs. C’est vraiment notre marque de commerce que de miser sur le croisement de ces compétences-là», explique la directrice du projet, Geneviève Vachon.

La problématique
«Les autochtones déplorent que les maisons et les villages qu’ils habitent ne ressemblent pas à ce qu’ils sont et à ce qu’ils veulent. Il y a donc une inadéquation entre là où ils vivent au quotidien et leurs aspirations», soutient Geneviève Vachon qui agit également à titre d’enseignante en design urbain et en architecture à l’Université Laval.

Selon elle, des études démontrent même un lien direct entre le malaise issu de l’habitat et les problèmes familiaux en milieu autochtone. Même son de cloche à Uashat mak Mani-Utenam où les maisons régies par le gouvernement ne sont aucunement représentatives des besoins de la communauté.

«Depuis trois ans, on nous oblige à densifier. On n’a même plus le droit aux maisons unifamiliales. Si on veut des maisons unifamiliales, il faudrait que le conseil injecte plus d’argent. On est donc obligé de faire des maisons en rangé avec des sous-sols même si une étude démontre que la plupart des Innues n’en veulent pas de sous-sol», déplore la directrice adjointe à l’habitation pour ITUM, Carmen Rock.

«L’habitation en tant que telle est l’endroit où l’on passe le plus de temps dans une journée. C’est vraiment comme notre identité qui y prend place puisque nous sommes tellement là souvent que ça devient une partie de nous. C’est un endroit que l’on veut à son image et quand on n’a pas les ressources pour le faire ça peut créer une rupture entre qui on est et ce dans quoi on est», croit Laurence St-Jean, finissante à la maitrise en architecture et en design urbain à l’école d’architecture de l’Université Laval.

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