Le «facteur Sept-Îles? Non, merci!», répond Denis Cadoret

Par Fanny Lévesque 1 juin 2017
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Le vice-président Côte-Nord d’Axor Experts-Conseils, Denis Cadoret, souhaite à démentir l’idée que ça coûte plus cher construire dans la région.

Le vice-président Côte-Nord d’Axor Experts-Conseils, Denis Cadoret, n’apprécie pas lorsqu’il entend que «ça coûte plus cher» construire à Sept-Îles qu’ailleurs. Celui dont l’entreprise mène actuellement la construction de l’usine de biocarburant de Port-Cartier, un projet de 103,4 millions $, a tenu à faire la démonstration qu’il est possible d’être compétitif sur la Côte-Nord.

Denis Cadoret s’est adressé aux membres de la Chambre de commerce, nombreux à s’être déplacés pour l’entendre, mercredi midi. En 2014, une étude de la firme KPMG, réalisée pour le compte de la CRÉ à l’époque, avait révélé que les coûts de construction sur la Côte-Nord sont en moyenne de 21% plus élevés. Une étiquette dont doit absolument se défaire la région, estime M. Cadoret.

«C’est quoi le message qu’on envoie», s’interroge-t-il. «Est-ce que ça signifie qu’on est 21% moins bon?». L’homme d’affaires persiste à dire qu’il y a moyen pour les entreprises de la Côte-Nord de tirer leur épingle du jeu et de décrocher des contrats d’envergure tout en demeurant compétitif. Pour y arriver, les entreprises doivent avoir une approche innovante, ce qui signifie aussi prendre des risques, dit-il.

Il cite sa propre initiative lorsqu’il a obtenu le contrat de l’usine de biocarburant d’Arbec. «Le projet était à l’étage de l’ingénierie préliminaire (…) À cette étape, on a garanti le prix au client. Le client vis-à-vis ses financiers, il avait des garanties contre les extras par exemple. Ç’a pu l’aider à débloquer son financement. Chez nous, on s’entend pour dire qu’on a pris un risque, mais c’était calculé nos affaires», explique-t-il.

Le vice-président ajoute que son entreprise a également mis en place une solution de partage de bénéfices avantageuse pour le client pour que les deux aient le même objectif «de battre» les budgets. M. Cadoret assure que 85% des activités liées à l’ingénierie, l’approvisionnement et la gestion de la construction du projet ont été réalisées par le bureau d’Axor Experts-Conseils de Sept-Îles et Port-Cartier.

Fractionnement de lots
Denis Cadoret n’hésite pas non plus à encourager les donneurs d’ordres à fractionner leur contrat en plusieurs lots pour favoriser l’expertise locale. Le chantier de l’usine a notamment été divisé en 67 lots, indique-t-il. Est-ce que la gestion des plusieurs lots plutôt qu’un coûte plus cher? «C’est environ 1% du coût du projet», avance M. Cadoret. Une somme qui en vaut la peine, poursuit-il.

Le chantier de l’usine de biocarburant, qui bat son plein à Port-Cartier, affiche un taux de 97% de «local» au chapitre des contrats d’installations octroyés et une main-d’œuvre à 85% de Sept-Îles, Baie-Comeau et Port-Cartier. «Je suis certain que c’est la première fois que ça arrive, même s’il s’agit de travaux spécialisés», se targue M. Cadoret.

Et plus encore, la région s’en retrouve gagnante parce que l’expertise développée dans ce chantier peu commun sera «exportable». Axor Experts-Conseils peut déjà en témoigner puisque son expertise a fait son chemin jusqu’en Guyane française. «Le facteur Sept-Îles dans ce projet-là (de l’usine de biocarburant), il n’en a pas. Il y a 2% pour le transport et c’est tout», lance-t-il.

Une image à défaire
Présent lors du dîner, le commissaire industriel de Port-Cartier, Bernard Gauthier, a pris la parole pour saluer le message de M. Cadoret. «Quand on se fait aborder par des investisseurs pour un projet, les coûts plus élevés de 20%, c’est toujours la première chose qu’on se fait mettre au visage», a-t-il témoigné. M. Gauthier partage l’avis de Denis Cadoret que la Côte-Nord doit travailler à changer cette image.

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