Pacte historique pour les municipalités et les Centres d’amitié autochtone 

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Le maire Réjean Porlier et le directeur général du CAASI, Jonathan Pinette-Grégoire, construisent un lien de confiance qui pavera la voie à de futures collaborations.

Neuf municipalités et autant de centres d’amitié autochtones se sont réunis à Val-D’Or le 23 mars afin de signer «l’engagement mutuel pour l’amélioration des conditions de vie des Autochtones en milieu urbain». Un mois plus tard, la Ville et le centre de Sept-Îles posent les premières briques de ce nouveau pont entre les communautés.

Les maires et représentants des centres d’amitié autochtone de Chibougamau, Val-D’Or, La Tuque, Senneterre, Québec, Joliette, Sept-Îles, Saguenay et Montréal ont tous apposé leur signature sur cet engagement mutuel qui, selon le Regroupement des centres d’amitié autochtone du Québec (RCAAQ), «reconnaît les compétences et les limites de chacun des partis afin de trouver de quelle manière ils peuvent être complémentaires».

En plus d’ouvrir le dialogue entre les différentes municipalités et leurs communautés avoisinantes, l’engagement suggère la formation d’un comité conjoint entre l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et le RCAAQ afin d’effectuer du travail en amont sur l’amélioration des conditions de vies des autochtones en milieu urbain.

Vaux mieux tard que jamais

Le dialogue a été initialement ouvert entre l’UMQ et le RCAAQ lors de la toute première rencontre entre les maires et le mouvement des Centres d’amitié autochtone du Québec à La Tuque en 2016. À ce moment, le maire Réjean Porlier avoue qu’il ignorait l’existence du centre de Sept-Îles.

«Honnêtement, je ne connaissais pas le centre d’amitié avant l’année passée. Je suis allé à la rencontre à La Tuque. J’y suis allé en sachant seulement que le maire (Denis) Coderre voulait réunir les maires et les centres d’amitié autochtones des villes cohabitant avec des communautés autochtones. C’est vraiment là que j’ai appris ce qu’étaient les centres d’amitié d’autochtone et même l’existence de celui de Sept-Îles. Ils n’étaient pas venus vers nous avant, ils étaient discrets», admet-il.

Et pourtant. Le Centre d’amitié autochtone de Sept-Îles (CAASI), dont la mission est «d’offrir un continuum de services culturellement pertinents et sécurisants afin d’améliorer la qualité de vie des Autochtones vivant ou transitant dans la ville de Sept-Îles», révèle que près de 7000 Autochtones transitent de façon plus ou moins permanente à Sept-Îles chaque année.

En poste depuis janvier, le directeur général du CAASI, Jonathan Pinette-Grégoire, s’explique difficilement pourquoi il a fallu attendre en 2017 pour voir l’organisme collaborer avec les élus municipaux. «Ça ne devait pas encore être propice. Ça devait être encore dans un temps de dénonciation, il existait encore plusieurs tabous. Maintenant on est dans la guérison, la reconstruction et la reconnexion avec la culture. Éventuellement, on peut aller plus loin et s’attaquer aux relations entre les communautés», constate le directeur général.

Du concret

Même si l’engagement signé découlera sur la création d’un comité conjoint pour se pencher sur l’intégration autochtone en milieu urbain, il en reviendra à chacune des municipalités de convenir d’un plan d’action centré sur leurs réalités respectives. Et cela, Jonathan Pinette Grégoire et Réjean Porlier y travaillent déjà.

«Il y a déjà des rencontres qui ont été faites avec le maire Porlier et  Mme (Charlotte) Audet. On prévoit déjà de faire visiter le centre d’amitié aux élus municipaux afin qu’ils sachent ce que c’est. Ensuite, nous avons convenu de travailler afin de créer des lieux propices de rencontre. Il ne faut pas oublier non plus que la troisième rencontre des maires et des centres d’amitié auront lieu à Sept-Îles, l’an prochain», annonce M.  Pinette-Grégoire.

De part et d’autre, on se dit prêt à cerner les besoins et les enjeux du CAASI et de la communauté qu’il représente pour se pencher sur des actions concrètes à mettre en place afin de favoriser le rapprochement des communautés et l’intégration «La première étape, c’est de se connaitre. Pour ça, on va aller sur le terrain voir ce qui se passe. Il faut sortir de la théorie, ça parait bien de parler de rapprochements entre les communautés, mais encore faut-il savoir comment créer ce contact de manière concrète. La porte est maintenant ouverte et on va être à l’écoute de leur son de cloche», ajoute M. Porlier.

Le CAASI aide chaque année plusieurs autochtones issues de communautés plus isolées comme Natashquan ou Schefferville à s’intégrer dans le milieu urbain de Sept-Îles.

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